Commerce de détail : des salaires d’au moins 4 000 francs s’imposent

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Communiqués de presse
Écrit par Kommunikation SGB

Gros bénéfices et bas salaires

La Suisse a un problème de bas salaires. Pour un travail à plein temps, environ 9 % des salarié(e)s de ce pays gagnent moins de 22 francs de l’heure, soit moins de 4 000 par mois. De tels salaires, qui ne permettent pas de vivre décemment, sont particulièrement fréquents dans le commerce de détail. Dans cette branche, 47 000 personnes gagnent moins de 22 francs de l’heure. « Avoir un apprentissage n’est par une protection contre des salaires aussi maigres », a souligné Daniel Lampart, l’économiste en chef de l’USS, lors de la présentation d’une étude de branche ce mardi. « Plus de la moitié des personnes qui gagnent moins de 22 francs de l’heure dans le commerce de détail sont titulaires d’un certificat fédéral de capacité (apprentissage) », a-t-il précisé. Les femmes sont particulièrement touchées : presque 39 000 d’entre elles travaillent dans cette branche pour un salaire horaire inférieur à 22 francs. Toujours selon Daniel Lampart : « Une très grande partie du problème des bas salaires dans le commerce de détail devrait être imputable à la discrimination salariale des femmes par rapport aux hommes. »

Le partenariat social loué tant et plus par le Conseil fédéral et les partis de droite n’a pas permis à ce jour de s’attaquer aux racines du problème des bas salaires dans cette branche. « Les employeurs du commerce de détail sont mal organisés. Leurs associations et un grand nombre d‘entre eux ont refusé jusqu’à présent d’améliorer les conditions d’embauche avec des conventions collectives de travail et d’introduire des salaires minimums au niveau de l’entreprise ou de la branche », a critiqué Vania Alleva, coprésidente du syndicat Unia, la plus grande organisation de salarié(e)s active dans le commerce de détail. Vania Alleva a aussi appelé les détaillants à enfin conclure des conventions collectives de travail nationales.

La marge de manœuvre est là pour adapter ces salaires de misère. Grâce au recours plus poussé aux technologies de l’information et de la communication, à l’intégration verticale de nombreux détaillants et au processus de concentration dans le commerce de détail, la productivité a augmenté de presque 23 % entre 1998 et 2010. Alors que de nombreux employé(e)s n’ont qu’insuffisamment bénéficié de ces gains de productivité, les propriétaires des entreprises en ont excessivement profité. Leurs marges bénéficiaires ont presque doublé. « La branche peut se permettre de verser des salaires avec lesquels les gens puissent vivre décemment », a expliqué Vania Alleva. Et cela concerne tout particulièrement les domaines des vêtements et des chaussures. Ces commerces sont dominés par des groupes richissimes. Le contraste avec les salaires de misère qu’elles versent est grossier.

L’initiative sur les salaires minimums, que le Conseil national traitera mercredi et qui passera bientôt en votation, peut être le remède à ce problème. Elle apportera « pour des dizaines de milliers de personnes occupées dans le commerce de détail, des progrès déterminants dont les effets seront immédiats », a déclaré Paul Rechsteiner, le président de l’USS. Ainsi qu’un sondage représentatif de l’USS et du syndicat Unia le montre, une majorité de la population est de cet avis : à la mi-novembre 74 % des personnes interrogées se sont déclarées plutôt ou totalement d’accord avec l’affirmation selon laquelle il faut introduire un salaire minimum légal de 4 000 francs par mois en Suisse.

Renseignements :
  • Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS, 079 205 69 11
  • Vania Alleva, coprésidente d’Unia, 079 620 11 14
  • Thomas Zimmermann, responsable de la communication de l’USS, 079 249 59 74
  • Pepo Hofstetter, responsable de la communication d’Unia, 079 322 36 11
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