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La reprise doit servir maintenant à mieux répartir les revenus !

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Communiqués de presse
Écrit par Thomas Zimmermann

Rapport 2018 de l’USS sur la répartition des revenus

La politique syndicale peut faire valoir de nombreux succès depuis la deuxième moitié des années 1990. Grâce aux campagnes sur les salaires minimums et aux progrès obtenus avec les conventions collectives de travail, les bas salaires ont clairement augmenté, contrairement à ce qui a été le cas dans de nombreux pays européens. Et malgré la crise financière et la surévaluation du franc, les salaires ont globalement augmenté. Concernant la répartition des revenus, l’évolution s’est fortement fourvoyée, les salaires élevés et très élevés progressant beaucoup plus que les autres. L’écart entre les salaires s’est aussi creusé dans notre pays. Aujourd’hui, la Suisse compte environ 14 000 personnes gagnant un demi-million de francs et plus, contre 3 000 au milieu des années 1990.

L’écart entre les personnes touchant des salaires très élevés et les autres s’est creusé à cause de la politique antisociale menée en matière d’impôts et de dépenses obligatoires. Alors que les baisses d’impôts ont surtout allégé la charge des revenus les plus élevés, les bas et moyens revenus pâtissent plus que la moyenne de l’explosion des primes des caisses-maladie. Les réductions des primes n’ont en effet pas suivi cette explosion. Pour nombre de ménages à bas ou moyens revenus, la charge des primes a ainsi plus que doublé. Et son poids n’est de ce fait pas supportable pour beaucoup de personnes à revenus modestes, mais aussi de familles avec enfants.

Cette politique antisociale en matière d’impôts et de dépenses obligatoires a par conséquent réduit à néant une partie considérable des progrès accomplis avec les salaires. Cette évolution est particulièrement grave pour les travailleurs et travailleuses justifiant d’une longue ancienneté, car leurs salaires ont nettement moins augmenté que dans l’ensemble pendant les années de crise. Ce qui se répercutera plus tard également sur leurs rentes du 2e pilier, surtout pour les plus de 55 ans.

Pour que les revenus des salarié(e)s ordinaires s’améliorent et que la politique des redevances exerce à nouveau sa fonction de rééquilibrage social, les mesures suivantes sont en particulier requises :

  • Faire progresser les salaires de 2 ou 2,5 % lors des négociations salariales en cours. La primeur doit être accordée aux collaborateurs/collaboratrices de longue date et aux femmes.
  • Agir (en prenant des mesures) pour éliminer les discriminations envers les femmes (contrôles, sanctions) et pour améliorer le statut professionnel des femmes.
  • Conclure davantage de CCT prévoyant de bons salaires minimums. En priorité : la CCT du journalisme pour la Suisse alémanique et le Tessin, et l’extension aux petites entreprises de la CCT de la branche Sécurité, bloquée surtout par le département de M. Schneider-Ammann.
  • Supprimer les gros obstacles juridiques à l’extension du champ d’application des CCT (notamment le quorum patronal). Et introduire par exemple le « quorum coulissant » proposé par les patrons romands.
  • Limiter le nombre de travailleurs/travailleuses temporaires (surtout pour les mandats publics) et instaurer l’obligation de les payer comme les travailleurs fixes (« equal pay »).
  • Instaurer le 13e salaire pour tous et toutes. Dans la branche des services à la personne (esthétique, coiffure), par exemple, de nombreux salarié-e-s ne touchent toujours pas de 13e salaire.á  
  • Garantir des salaires minimums prescrits par l’État assez élevés, comme les 23 francs proposés dans le canton de Genève. Augmenter le salaire minimum « de sous-enchère » édicté par le régulateur postal Hollenstein de 18,27 francs pour l’établir à plus de 22 francs, afin que le commerce en ligne n’entraîne pas de pressions sur les salaires.
  • Plafonner les salaires dans les entreprises publiques à 500 000 francs par an.
  • Augmenter les réductions des primes de caisse-maladie afin qu’aucun ménage ne doive sacrifier plus de 10 % de son revenu ces primes.
  • Corriger les baisses d’impôts cantonales accordées aux revenus élevés

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

031 377 01 16

daniel.lampart(at)sgb.ch
Daniel Lampart
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