Une adaptation nécessaire aux réalités du monde du travail

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Écrit par Jean Christophe Schwaab

L’initiative populaire « 6 semaines de vacances pour tous » prévoit de faire passer de 4 à 6 semaines le droit légal aux vacances. Une revendication qui répond à un besoin avéré des travailleurs et des travailleuses de ce pays.

L’augmentation du droit aux vacances visée par cette initiative permettrait notamment d’alléger le stress qui pèse sur de nombreux salarié(e)s et d’en réduire, de ce fait, nettement les effets négatifs. De surcroît, ceux-ci sont extrêmement coûteux pour l’économie. En effet, les coûts du stress au travail sont estimés à environ 10 milliards de francs par an, soit 2 % du PIB. Et ils pourraient bien aller croissant ces prochaines années, car les salarié(e)s doivent aujourd’hui faire face à des conditions toujours plus difficiles : accroissement de la précarité et de la pénibilité, difficultés à concilier vie familiale et professionnelle, etc.

Augmenter le droit aux vacances serait parfaitement supportable pour les entreprises. Son prix, 6,6 milliards de francs par an, ne correspond finalement qu’à une hausse de salaire d’environ 0.4 % par an sur 6 ans ou à une diminution du temps de travail de… 10 minutes par jour. Ce montant est, au surplus, nettement inférieur au coût du stress au travail. Il existe en outre une marge de manœuvre importante pour réduire le temps de travail en Suisse, par exemple grâce à plus de congés. En effet, sur ces 20 dernières années, la productivité a augmenté beaucoup plus vite que les salaires, pour une durée du travail moyenne qui est restée pratiquement stable (une diminution d’à peine… 18 minutes par semaine en 18 ans !). La Suisse fait d’ailleurs partie du peloton de tête européen des durées du travail les plus longues. Qui plus est, les salarié(e)s de ce pays accumulent chaque année des heures supplémentaires correspondant à environ 100 000 postes à plein temps !

Il convient enfin de relever que les droits aux vacances stipulés par les conventions collectives de travail (CCT) ou par les lois sur le personnel des collectivités publiques, bien que représentant souvent des améliorations sensibles par rapport aux 20 jours par an accordés par le Code des obligations, restent très en-deçà de l’objectif de l’initiative. Il existe en effet de nombreuses CCT comptant plusieurs milliers d’assujettis (p. ex. nettoyage en Suisse alémanique, routiers suisses, coiffure, boucherie, sécurité privée) qui ne prévoient pas de droit aux vacances allant au-delà du minimum légal. D’autres le font, mais cela ne va que rarement au-delà de 5 jours supplémentaires. Enfin, ces améliorations ne concernent souvent que les salarié(e)s d’un certain âge (p. ex. les plus de 55 ans) ou les apprenti(e)s. Une semaine supplémentaire de vacances pour tous améliorerait déjà la situation de plus de 3 100 000 travailleurs et travailleuses, alors que les deux semaines supplémentaires préconisées par l’initiative augmenteraient le droit aux vacances de la quasi-totalité des salariés suisses. Le compte est vite fait !

L’USS soutient donc l’initiative « 6 semaines de vacances pour tous ». Augmenter les congés pour diminuer le stress au travail et permettre aux travailleurs et travailleuses de mieux profiter de leur vie familiale et sociale n’est en effet pas un luxe, mais une adaptation nécessaire aux réalités du monde du travail moderne.

Responsable à l'USS

Luca Cirigliano

Secrétaire central

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Luca Cirigliano
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