La décision rendue aujourd’hui par la Direction des affaires économiques du canton de Zurich concernant les salaires dans l’aviation suisse constitue une erreur manifeste. Elle nuit à la protection des salaires et porte atteinte aux salaires des employé-e-s d’Air Baltic, mais aussi de Swiss. Contrairement aux instances précédentes (le SECO et l’Office de l’économie du canton de Zurich), la Direction des affaires économiques n’a pas tenu compte de plusieurs facteurs déterminants. Les vols opérés par Air Baltic pour le compte de Swiss relèvent clairement d’un cas de détachement de personnel. Dès lors, les salaires suisses doivent prévaloir.
Ce nouveau revers infligé à la protection des salaires n'est pas une première : la Direction des affaires économiques zurichoise avait déjà refusé par le passé d’intervenir contre la pression sur les salaires et le dumping salarial, (par ex. dans le commerce de détail, l’industrie des machines ou la construction). Les syndicats s’opposent fermement à ce que Swiss externalise ses vols à des sous-traitants qui ne versent pas de salaires suisses. La pression sur les salaires est déjà énorme aujourd’hui. Swiss recrute de plus en plus à l’étranger, le revenu de nombreux travailleurs et travailleuses ne leur permettant plus de vivre à Zurich.
Le canton de Zurich prétend qu’en dehors de la maintenance au sol, le contrat de wet lease avec Air Baltic ne présente aucun rapport avec la Suisse qui justifie l’application de salaires suisses. Cette conclusion du département dirigé par la conseillère d’État Carmen Walker Späh est incompréhensible.
Les employé·e·s d’Air Baltic exécutent donc une partie essentielle de leur travail en Suisse
Les équipages de cockpit et de cabine d’Air Baltic passent en réalité bien plus de temps à Zurich que ne le suggère la décision. Zurich est en effet le centre névralgique de leurs missions. Les équipes opèrent des vols Swiss au départ de l’aéroport de Zurich plusieurs jours d’affilée, voire plusieurs fois par jour. Elles exécutent donc une partie essentielle de leur travail en Suisse, tout comme leurs collègues directement employés par Swiss. Les plannings, les escales et les réservations d’hôtels à Zurich témoignent de leur intégration structurée dans les opérations aériennes suisses.
Pour le personnel de cockpit et de cabine, le rapport avec le marché du travail suisse est également avéré du point de vue fonctionnel : les rotations de vol (pairings) sont définies par Swiss, tout comme les instructions concrètes et les consignes de service à respecter. Le kérosène est commandé via le portail de Swiss, le personnel porte des badges Swiss, et les réservations d’hôtel sont effectuées par Swiss.
La protection des salaires doit être assurée.
Aujourd’hui déjà, les salaires chez Swiss sont sous pression. Nombre d’employé-e-s de la compagnie nationale ne peuvent plus se permettre de vivre à Zurich. Si l’on autorise les entreprises suisses à employer du personnel à des salaires plus bas en recourant à des sous-traitants étrangers, la pression sur les salaires ne fera qu’augmenter. Cette seule réalité exige que le canton de Zurich impose l’application des salaires suisses chez Air Baltic.