Le Conseil national a accepté aujourd’hui un grave affaiblissement de la loi sur le travail. Le dimanche chômé et la fin de journée de plus de deux millions de travailleuses et travailleurs sont en péril. Ceux-ci pourraient devoir travailler le dimanche et jusqu’à 17 heures par jour. L’Union syndicale suisse (USS) condamne fermement cette décision. Le projet menace le temps libre, la santé et la vie de famille des travailleuses et travailleurs, déjà sous pression croissante.
Travail dominical et journées à rallonge
La décision du Conseil national non seulement ouvre la voie à des journées de travail commençant à 6 heures du matin et se terminant à 23 heures, mais permet aussi aux employeurs d’obliger leurs employé-e-s à travailler le dimanche sans demander d’autorisation, que le travail s'effectue à la maison ou non. La durée minimale du repos quotidien serait en outre être réduite de 11 à 9 heures. Une limite qui ne serait plus absolue, puisque le repos quotidien pourrait être interrompu pour effectuer un « travail urgent ».
Le Conseil national camoufle cette attaque frontale contre les fondements du droit du travail derrière un discours prétendant améliorer la conciliation. Il affirme que seules les personnes « qui peuvent déterminer [elles]-mêmes une part significative de leurs horaires de travail » seraient concernées. Or le Conseil fédéral lui-même estime que près de deux millions de salarié-e-s seraient touché-e-s par cette révision. Et ce n’est sans doute qu’un début. Car il suffirait aux employeurs d’introduire un minimum de flexibilité dans les horaires et quelques tâches à effectuer hors de l’entreprise pour que la loi s’applique. Dans les faits, ce projet incite clairement les entreprises à réorganiser le travail.
Incontrôlable et source de plus de bureaucratie
La majorité du Conseil national prétend que ces changements ne se feraient qu’avec l’accord des employé-e-s. Mais elle a refusé de renforcer le droit à la déconnexion, pourtant déjà trop peu respecté aujourd’hui. En réalité, les employeurs pourraient imposer de tels accords, les modifier à tout moment, y compris oralement. Et leur respect ne pourrait pas être contrôlé. Rien n’empêcherait un employeur d’appeler à 22 h 30 en prétendant que cela a été convenu. Sans surprise, les autorités d’exécution et de nombreux cantons rejettent ce projet, notamment au motif qu’il entraînerait plus de bureaucratie et de contrôles, jusque dans les ménages privés, voire parce qu’il est tout simplement inapplicable.
L’USS tire la sonnette d’alarme
Ce projet constitue une attaque frontale contre le droit au dimanche chômé et au repos en fin de journée. L’USS se battra par tous les moyens pour que le Conseil des États l’enterre. Pierre-Yves Maillard, président de l’USS, met en garde : « Les dimanches et la vie de famille de millions de personnes sont menacés. Si ce projet passe, leurs journées de travail s’allongeront et leur temps libre diminuera encore. »