Retard salarial important : les salaires sont trop bas

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Écrit par David Gallusser

Écart entre productivité et salaires

Les salarié·e·s en Suisse deviennent de plus en plus performants. Ils fabriquent de plus en plus de produits et fournissent de plus en plus de services dans le même temps. En moyenne, leur productivité augmente d'environ 1 % par an. En fait, les salaires devraient aussi augmenter dans les mêmes proportions. Car quand la productivité augmente, c'est possible même sans réduire les bénéfices. Mais ces dix dernières années, les travailleuses et travailleurs ont trop peu profité de la prospérité: leur productivité a augmenté plus vite que les salaires. Plus grave encore : parfois, le pouvoir d'achat des salaires a baissé, car les prix ont augmenté plus vite que les salaires.

Retard salarial

Les négociations salariales de l'année dernière ont certes abouti à quelques accords satisfaisants, mais elles n'ont pas permis de compenser la faible évolution des salaires au cours de la dernière décennie. Dans de nombreux secteurs, les salaires ajustés en fonction du pouvoir d'achat sont aujourd'hui à peine supérieurs à ceux de 2015. Les employé-e-s de certains secteurs font face à une décennie perdue :  après déduction de l'inflation, leurs salaires sont même inférieurs au niveau de 2015. Si les salaires avaient augmenté au même rythme que la productivité, ils devraient être nettement plus élevés dans tous les secteurs. Dans l'ensemble de l'économie, ce retard salarial est de 9 %. Les salaires auraient dû augmenter de 10,5 %, comme la productivité moyenne, et non de seulement 1,5 % (voir graphique ci-dessus).

Un rattrapage salarial est nécessaire

C’est dans l'hôtellerie-restauration, la logistique, l'industrie métallurgique, mais aussi chez les fabricants de produits alimentaires que le retard salarial est le plus important. Les salaires ont baissé dans ces secteurs après correction de l'inflation. La situation était meilleure dans la construction mécanique, l'informatique, les télécommunications ou l'administration publique. Les salaires dans ces secteurs ont aujourd'hui un pouvoir d'achat plus élevé qu'en 2015. Néanmoins, il existe là aussi un écart important par rapport à la croissance de la productivité. L'écart salarial doit donc être comblé dans tous les secteurs. Les travailleuses et travailleurs ont besoin de salaires plus élevés pour participer à la réussite de l'économie. C'est notamment pour cette raison que les syndicats réclament une augmentation salariale de 2 à 2,5 % dans le cadre des négociations salariales en cours. Et les travailleurs dont les salaires ont moins augmenté que les prix doivent enfin bénéficier d'une compensation intégrale du renchérissement.


Cet article a d'abord été publié dans le magazine d'Unia « Work ».

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Co-direction du secrétariat et économiste en chef

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Daniel Lampart
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