Quand c’est non, c’est non !

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Écrit par Stefan Rüegger, collaborateur du service de la communication de l’USS/fq

Les apôtres de la libéralisation oublient le peuple

Depuis 2005, on a déjà voté 13 fois en Suisse sur la prolongation des heures d’ouverture des commerces. Et 12 fois, le peuple a dit nettement non. Mais les apôtres de la libéralisation dans ce domaine, la droite, s’en moquent totalement. Ils ne veulent rien savoir de la volonté pourtant claire des citoyennes et citoyens et persistent sans broncher dans leurs intentions.

La plupart d’entre nous l’avons appris lorsque nous étions enfants : « Quand c’est non, c’est non ! ». On serait donc en droit de penser que les parlementaires de la droite ont aussi appris cette leçon « pour la vie ». Mais ce n’est manifestement pas tout à fait le cas. Bien qu’elle joue volontiers le rôle de gardienne de la volonté populaire, la droite, UDC en tête, fait preuve à ce chapitre d’une compréhension très sélective en ce qui concerne la volonté populaire. Un non du peuple n’est pour elle un non que si cela lui chante. En matière d’heures d’ouverture des commerces, le fossé qu’il y a entre réalité et perception des bourgeois saute aux yeux.

Un clientélisme qui passe à côté de la volonté populaire

Ces dernières années, le peuple a été consulté à pas moins de 13 reprises sur les heures d’ouverture des commerces. Et 12 fois, il a dit non, les dernières fois nettement, par 68,2 % des voix, à Lucerne, ou de manière on ne peut plus univoque à Zurich, par 70,7 %. Pour tout observateur même à moitié objectif, il doit être évident avec de tels chiffres que le peuple n’a aucunement besoin d’une prolongation de ces heures. Mais ce n’est pas ce que croient les fanatiques des libéralisations de la droite politique. Ils affirment au contraire même avec le plus grand sérieux avoir reconnu un « besoin » durable d’une telle prolongation…

Qu’ils prennent leurs désirs pour des réalités, c’est plus que manifeste. Avec son programme dogmatique de libéralisation, la droite applique une politique qui passe de toute évidence à côté de la volonté de l’écrasante majorité de la population. Les votations de ces dernières années ne laissent aucun doute à ce sujet. Néanmoins, ces partisans de la journée de travail de 24 heures veulent quand même affaiblir la protection des salarié(e)s, précisément dans une branche où les bas salaires et les mauvaises conditions de travail sont d’ores et déjà la normalité.

On parle de personnes, pas de saucisses !

S’ils s’imposent, toujours plus de personnes verront leur santé en danger à cause d’un travail de nuit inutile. Et pas seulement dans les commerces des stations-service. En effet, pour éviter toute « distorsion de concurrence », il faudra ensuite introduire la journée de travail de 24 heures dans tous les magasins dont la surface de vente est comparable, ainsi que le demande déjà une motion des verts-libéraux. L’enjeu du 22 septembre, ce ne sera donc pas quelques dizaines de commerces de stations-service, comme veulent nous le faire accroire les partisans de cette révision de la loi sur le travail, mais le sort de plus de 300 000 employé(e)s du commerce de détail dont les conditions de travail sont menacées si un oui sort des urnes.

C’est le même esprit qui anime la campagne des partisans de cette révision. Au lieu de personnes humaines directement concernées ici, il s’agirait selon eux de saucisses. Il est absurde, s’emportent-ils, que l’on puisse s’acheter un cervelas à 4 heures du matin, mais pas une banale saucisse à rôtir ! Les employé(e)s touchés par la journée de travail de 24 heures, ce ne sont pas leurs oignons. Ce qui n’est pas notre cas, ni celui de la population de ce pays. Ensemble, donnons donc une leçon aux apôtres de la libéralisation des heures d’ouverture des commerces : quand c’est non, c’est non !

Responsable à l'USS

Luca Cirigliano

Secrétaire central

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Luca Cirigliano
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