Ne sabotons pas la lutte contre la sous-enchère salariale !

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Écrit par Thomas Zimmermann, responsable de la communication de l’USS/fq

NON à l'initiative isolationniste de l’UDC !

Le débat sur l’immigration en Suisse s’échauffe. Ce qui intéresse en premier lieu les médias, ce sont les transports et les trains encombrés, les loyers qui explosent, un territoire mité et la sous-enchère salariale. Or l’initiative de l’UDC « Contre l’immigration de masse » n’apporte aucune solution à ces problèmes. Au contraire, son acceptation gênerait la lutte contre la sous-enchère salariale et nous renverrait des années en arrière. L’initiative isolationniste de l’UDC est la plus mauvaise manière imaginable de réguler l’accès au marché suisse du travail.

D’un point de vue syndical, il est clair que les vrais problèmes du marché suisse du travail sont causés par des employeurs sans scrupules qui foulent aux pieds le principe selon lequel, en Suisse, on doit verser des salaires suisses. Profitant sans retenue aucune de la détresse de la main-d’œuvre étrangère, ils versent des salaires de misère, mettant ainsi les salaires suisses sous pression. Pour empêcher ces pratiques, une seule solution : développer les mesures d’accompagnement, multiplier les contrôles et durcir les amendes.

Or, avec son initiative, l’UDC vise exactement le contraire, car les mesures d’accompagnement ont toujours été une épine dans le pied des dirigeants de ce parti. Si elle était acceptée, ces mesures de protection aussi tomberaient avec la libre circulation des personnes. Et les salarié(e)s se trouveraient livrés pieds et poings liés aux patrons.

Les conséquences en seraient particulièrement dures pour les travailleurs et travailleuses indigènes sans passeport suisse. Car l’UDC ne veut pas simplement revenir au système des contingents qui a été un échec en son temps, mais demande qu’à l’avenir la priorité soit donnée aux ressortissant(e)s suisses et non pas simplement aux travailleurs et travailleuses indigènes. En l’absence de Suissesses ou de Suisses à disposition dans une branche, des contingents seraient alors garantis à l’économie. Cela, même si des travailleurs et travailleuses indigènes avec un passeport étranger – comme des Italien(ne)s, des Espagnol(e)s ou des Portugais(es) établis depuis longtemps dans notre pays – se trouvaient au chômage. Pire encore : ces personnes risqueraient d’être privées collectivement de droits. En effet, selon l’initiative, elles feraient désormais partie de ces personnes dont les droits à un séjour durable, au regroupement familial et à des prestations sociales peuvent être limités. Celles qui se retrouveraient sans emploi devraient être chassées du pays au mépris de tous les principes juridiques. C’est ce que veut l’UDC.

Un regard dans le passé montre que cette initiative est un instrument inapte à piloter l’immigration. La Suisse devrait prétendument pouvoir à nouveau définir elle-même le volume de l’immigration avec un système de contingentement. C’est une illusion. À l’époque des contingents aussi, l’économie s’est vu attribuer autant d’autorisations de travail qu’elle le voulait. C’est pour cela que l’immigration des années 1960 a été en pourcentage plus forte que ces dernières années. Une main-d’œuvre particulièrement nombreuse a été dirigée vers des branches structurellement faibles comme l’agriculture, l’hôtellerie-restauration et la construction, ce qui a conduit l’État à encourager une politique des bas salaires.

Au lieu d’attiser la xénophobie, l’UDC ferait bien de contribuer à la recherche d’une solution pour résoudre les problèmes certes renforcés, mais pas causés, par l’immigration en matière d’infrastructures, de logements et d’aménagement du territoire.

Il est irresponsable de prétendre que l’acceptation de l’initiative isolationniste de l’UDC serait sans conséquence. En effet, cette initiative ferait faire à la Suisse un énorme bond en arrière, politiquement, économiquement et socialement. C’est pour cela que nous devons clairement rejeter cette initiative extrémiste.

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

031 377 01 16

daniel.lampart(at)sgb.ch
Daniel Lampart
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