Les salaires minimums : un barrage contre l’injustice

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Écrit par Paul Rechsteiner

Dépôt de l’initiative sur les salaires minimums

Après une année de récolte de signatures, l’Union syndicale suisse (USS), avec ses fédérations et des organisations amies, a déposé le 23 janvier 2012 à la Chancellerie fédérale l’initiative populaire « Pour la protection de salaires équitables (Initiative sur les salaires minimums) », munie de plus de 111 000 signatures. Elle demande que la Confédération et les cantons encouragent l’inscription dans les CCT de salaires minimums et qu’en complément, tout le monde, hommes et femmes, ait droit à un salaire décent. Pour ce faire, elle exige la fixation d’un salaire minimum légal de 22 francs de l’heure, soit de 4000 francs par mois (semaine de 42 heures). Actuellement, 400 000 personnes – dont une grande majorité de femmes – touchent un salaire inférieur à ce montant dans notre pays. Ci-après la brève allocution prononcée par le président de l’USS lors du dépôt de cette initiativep.

Avec l’initiative sur les salaires minimums c’est un nouveau chapitre de la politique salariale qui s’ouvre pour la Suisse. Si les 10 à 15 dernières années ont été marquées par l’explosion des hauts et très hauts salaires – dans une mesure éhontée -, il faut entamer maintenant un nouveau cycle en faveur des bas et des moyens salaires. Les salaires minimums sont l’instrument le meilleur pour améliorer les salaires de tous et toutes, donc aussi pour celles et ceux qui sont désavantagés à cet égard. Et si les salaires des personnes qui se trouvent au bas de l’échelle des rémunérations ne peuvent plus faire l’objet de pressions à la baisse, alors celles qui gagnent plus que le minimum en profiteront également. Les bas et moyens salaires doivent à nouveau s’orienter à la hausse.

L’initiative sur les salaires minimums permettra la mise en place d’un salaire minimum légal au-dessous duquel il sera interdit d’aller. Mais le partenariat social s’en trouvera renforcé. L’ensemble des conventions collectives de travail (CCT) seront encouragées et passeront au premier plan. Le salaire minimum légal s’appliquera uniquement en l’absence - faute d’organisation patronale ou parce que cette dernière n’en veut pas - d’une CCT décente prescrivant des salaires en conséquence. Il est à prévoir qu’elle entraînera une augmentation, et non une baisse, du nombre de CCT.

L’initiative sur les salaires minimums va lancer un nouveau débat. « Le travail, ça doit payer ! » est un slogan avec lequel presque tout le monde est sans doute d’accord. Mais c’est alors nécessairement reconnaître aussi que les personnes occupées à plein temps doivent aussi pouvoir vivre de leur salaire, sans avoir à passer par les services sociaux, c’est-à-dire devoir être aidés par des fonds publics. Un salaire minimum d’au moins 22 francs de l’heure, ou 4000 francs par mois, répond parfaitement à cette exigence.

La Suisse a besoin de ce débat. Quiconque n’est pas en mesure de vivre de son salaire en Suisse est la victime d’une injustice. Les salaires minimums sont le meilleur instrument pour mettre fin à pareilles injustices.

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

031 377 01 16

daniel.lampart(at)sgb.ch
Daniel Lampart
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