Les baisses de salaire sont un poison pour la conjoncture

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Écrit par Daniel Lampart

Dans certaines entreprises industrielles comme Rieter ou Alu Menziken, la direction a imposé ces dernières semaines des baisses de salaire. Une gifle pour les salarié(e)s concernés. Pendant les années de vaches grasses, ils ont dû assister au spectacle d’actionnaires et de dirigeants qui empochaient les bénéfices et aujourd’hui, la situation s’étant dégradée, ce serait à eux de faire des sacrifices financiers !?

Qui plus est, les baisses de salaire sont du poison pour la conjoncture. Jusqu’à ce jour, l’économie intérieure n’a été largement épargnée par la récession que grâce aux bons accords salariaux conclus lors des négociations de l’automne 2008. Si on économise maintenant sur les salaires, le pouvoir d’achat fera défaut à l’économie suisse en 2010. Conséquence : une récession massive qui ne frappera plus uniquement le secteur des exportations, mais l’économie intérieure aussi.

L’écrasante majorité des entreprises exportatrices n’ont aucun problème de coûts de production. Selon un sondage du KOF, le Centre de recherches conjoncturelles de l’École polytechnique fédérale de Zurich, la compétitivité des prix est restée bonne. Ce qui manque aux entreprises, c’est la demande, et la baisse des salaires n’y remédie en rien. Pour que la demande reprenne, il faut au contraire des mesures internationales de soutien à la conjoncture. Donc, des hausses de salaire dans tous les pays.

Si certaines entreprises ont des problèmes de coûts, ceux-ci doivent être résolus via une dépréciation du franc suisse et une baisse du prix de l’électricité. Selon la branche, les frais de personnel ne représentent que 18 à 25 pour cent des coûts totaux. Une baisse de 10 pour cent des salaires n’entraînerait de ce fait qu’une diminution de 2 pour cent environ de ces coûts. L’effet, sur les coûts des entreprises, d’une baisse de 3 petits centimes du franc par rapport à l’euro serait le même. Si la Banque nationale procédait à une telle dépréciation, les produits des entreprises suisses seraient 2 pour cent moins chers à l’étranger. De manière générale, la conjoncture en profiterait et toutes les entreprises aussi. Les entreprises exportatrices pourraient proposer leurs marchandises pour moins cher et les entreprises tournées vers le marché intérieur pourraient vendre plus, car les produits étrangers renchériraient quelque peu.

Pour nombre de grandes entreprises, l’ouverture du marché de l’électricité a provoqué une hausse de 20 pour cent au moins du prix de cette dernière. Et souvent (industries des métaux et du papier), l’électricité représente 5 pour cent ou plus des coûts totaux. Pour réduire ces derniers, il faut que le prix de l’électricité retrouve son niveau antérieur, à savoir : que le gouvernement et le parlement reviennent sur l’ouverture de ce marché. Les coûts totaux baisseraient alors de 1 à 2 pour cent, soit autant que les effets dus à une baisse de 10 pour cent des salaires. 

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

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