Halte au harcèlement politique visant à déréguler les heures d’ouverture

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Écrit par Luca Cirigliano, secrétaire central de l’USS/fq

Heures d’ouverture des commerces

Le conseiller national genevois Lüscher et les deux conseillers aux États tessinois Lombardi et Abate se réjouissent déjà de leur « cadeau de Noël », mais... Par le biais d’une salade russe composée de diverses intentions parlementaires, ils veulent réaliser au plan fédéral ce que le corps électoral des cantons a toujours clairement rejeté, à savoir : la prolongation généralisée des heures d’ouverture des commerces, de lundi à vendredi et, pour en remettre une bonne couche, l’introduction dans tout le pays du travail de nuit et du dimanche dans diverses catégories de magasins.

Si les propositions de révision de la loi sur le travail ou d’une ordonnance relative à cette loi contenues dans l’initiative parlementaire Lüscher et les motions Lombardi, dont l’examen a été renvoyé à février 2013, et Abate passent, on assistera à proprement parler à l’enterrement pur et simple de la protection des travailleurs et travailleuses garantie par cette loi. Dans un premier temps, « seul » le personnel de vente serait concerné, mais ensuite c’est une vague de dérégulations qui gagnerait toutes les branches.

L’USS et ses fédérations feront face à ce danger avec des alliés, comme les Églises, des partis politique, l’Alliance pour un dimanche sans travail, ainsi que les services de prévention des médecins du travail. Son Assemblée des délégué(e)s du 16 novembre 2012 a adopté la résolution ci-après.

Résolution

« En 2012, la Berne fédérale a vécu à proprement parler une offensive générale contre la loi sur le travail. Les interventions faites dans ce cadre visent la dérégulation des heures d’ouverture des commerces et, par ce biais, la suppression d’importantes dispositions de protection destinées aux travailleurs et travailleuses. Dans les faits, ces attaques auraient pour conséquence, comme par exemple l’initiative parlementaire Lüscher (PRL/GE), d’introduire le travail de nuit et du dimanche dans les échoppes de stations-service des autoroutes et sur les grands axes routiers de toute la Suisse ou, comme la motion Lombardi (PDC/TI), d’imposer aux cantons, au mépris du fédéralisme, des heures minimales d’ouverture des commerces. Il est particulièrement scandaleux que ces projets soient acceptés par les instances qui en délibèrent précisément au moment où le peuple refuse dans des votations cantonales de prolonger les heures d’ouverture des commerces, comme cela a été le cas à Lucerne et à Zurich.

La dernière attaque est la motion Abate (PRL/GE), qui, sous prétexte d’encourager le tourisme, entend, par le biais d’une formulation imprécise, permettre dans une ordonnance les ventes du dimanche sur toute l’année et dans toutes les régions du pays, alors qu’elles sont actuellement limitées aux seules régions touristiques.

Les travailleurs et travailleuses sont confrontés à une tactique sournoise du salami dont le but est d’introduire, via le droit fédéral ou même par la voie totalement antidémocratique d’une ordonnance, une dérégulation intégrale qui échoue régulièrement dans les cantons face à l’opposition des citoyen(ne)s. Cette dégradation de la protection des travailleurs et travailleuses se traduirait par plus de travail de nuit ou du dimanche, non seulement dans le commerce de détail, mais aussi dans les branches du nettoyage, de la livraison de marchandises et de la sécurité. Ce qui entraînerait plus de stress et plus de maladies professionnelles, et appauvrirait la vie sociale des personnes concernées. Or, le travail de nuit est, aujourd’hui déjà, dangereux dans les échoppes en raison, par exemple, des agressions qui y ont lieu. En outre, l’acceptation de l’initiative Lüscher favoriserait à proprement parler, surtout les nuits des week-ends, un « tourisme d’achat et d’alcool » sur les autoroutes et les routes principales, avec des conséquences dommageables imprévisibles pour la sécurité du trafic, l’environnement et la prévention spécialement destinée aux jeunes.

C’est pourquoi les syndicats sont prêts à faire obstacle, si nécessaire au moyen d’un référendum, aux projets de prolongation des heures d’ouverture des commerces que ne cessent de lancer les lobbyistes bourgeois. Cela, afin de faire passer aussi au plan fédéral un message clair contre la dérégulation des heures de travail et les tentatives de vider la loi sur le travail de sa substance ! »

Responsable à l'USS

Luca Cirigliano

Secrétaire central

031 377 01 17

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Luca Cirigliano
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