Détaillants opposés à des réglementations spéciales pour les magasins des stations-service

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Écrit par Ewald Ackermann, service de la communication de l’USS/fq

Référendum contre la journée de travail de 24 heures

Les syndicats et l’Alliance pour le dimanche ne sont pas les seuls à combattre la journée de travail de 24 heures. Des détaillants rejettent aussi cette modification de la loi sur le travail. Ils savent bien que cette mesure entraînerait une concurrence sans pitié, dont ils risqueraient bien d’être les victimes.

Difficile de tenir des propos plus limpides que ceux de la FAC, la Fédération des Artisans, Commerçants et Entrepreneurs de Genève, qui « invite les concitoyens à signer le référendum contre l’ouverture 24 heures sur 24 et sept jours sur sept des stations-services et de leurs shops intégrés, qui fausse clairement les règles de concurrence » (communiqué du 24.1.2013). La FAC va même jusqu’à mettre à disposition des listes de signatures à son secrétariat. À Genève donc, les détaillants et les syndicats tirent sur la même corde contre les ouvertures non-stop des magasins de stations-service.

Seulement à Genève ?

Que non ! L’organisation faîtière des détaillants alémaniques a, déjà pendant les délibérations du Parlement, fait savoir qu’elle rejette l’ouverture 24 heures sur 24 de ces échoppes. Selon elle, un tribunal ne pourra pas faire appliquer de manière générale cette nouvelle disposition, qui s’avère donc inappropriée et favoriserait à nouveau unilatéralement les grands acteurs du marché. De fait, le flou qui entoure la notion d’« axes de circulation importants fortement fréquentés par les voyageurs » - où les magasins des stations-service pourraient rester ouverts jour et nuit – aurait pour conséquence que, tôt ou tard, toujours selon les mêmes, d’autres points de vente de ce type voudraient aussi jouir des mêmes droits (swissShop, 4/2012, le périodique des détaillants alémaniques).

L’Association des boulangers-confiseurs suisses (BCS) défend une position semblable. Lors de la procédure de consultation sur cette question, elle avait rejeté les ventes 24 heures sur 24 dans les stations-service, considérant qu’il s’agirait là d’une inégalité de traitement et d’une distorsion de concurrence. Et à l’Union Professionnelle Suisse de la Viande (UPSV), on est tout sauf content avec ce projet qui avantagerait les grands distributeurs (Migros et Coop) ainsi que l’Union pétrolière. Et l’on est aussi fâché de l’attitude de l’Union suisse des arts et métiers qui, pour des raisons purement idéologiques, prône le oui. Chez VELEDES, l’Association suisse des détaillants en alimentation, la tendance est clairement au non. Lors de son assemblée générale de l’an dernier, son président, M. Hans Liechti, a résumé la problématique comme suit : certains seront avantagés et il faudra lutter avec des armes encore plus inégales qu’aujourd’hui.

Les détaillants voient bien qu’il ne s’agit pas uniquement là de quelques magasins de stations-service, mais d’une brèche qui risque de s’ouvrir tout grand. S’ils veulent tenir le coup, ils devront donc suivre et rester dans toute la mesure du possible ouverts 24 heures sur 24. Mais le tour de force que représenterait la nouvelle disposition rebrasserait les cartes, car il est clair que la demande est trop faible pour que tous les commerces sans exception puissent rester ouverts non-stop. Si leurs heures d’ouverture continuent encore et encore à être prolongées, certains d’entre eux resteront sur le carreau.

Les détaillants ont compris qu’ils seront, eux, ces probables victimes.

Responsable à l'USS

Luca Cirigliano

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