Débrayage des maçons dans toute la Suisse et grève de la fonction publique à Genève

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Écrit par Ewald Ackermann

Impressionnantes actions collectives contre des démantèlements

Plus de 10 000 maçons ont débrayé pendant la deuxième semaine de novembre pour le maintien de leur retraite à 60 ans et pour une meilleure CN. A Genève, la fonction publique a fait grève pendant trois jours contre les suppressions d’emplois et l’augmentation du temps de travail. Dans les deux cas, il s’agissait de revendications qui touchaient à quelque chose d’élémentaire : vieillir dans la dignité et des conditions de travail décentes. 

En 2002, les maçons ont obtenu la préretraite à 60 ans. Cette remarquable victoire dans la récente histoire syndicale a permis à des milliers de maçons de vieillir dans la dignité et dans un meilleur état de santé. Ce dont ils avaient vraiment besoin. Car dans aucune autre branche, le danger d’invalidité n’est aussi important que dans la construction. Dix ans plus tard, les entrepreneurs veulent pourtant faire marche arrière parce que le fonds pour la retraite anticipée manque momentanément de moyens. La Société suisse des entrepreneurs (SSE) veut relever l’âge de la retraite ou réduire les rentes, la baisse pouvant aller jusqu’à 1000 francs par mois. En même temps, la SSE ne veut pas d’une nouvelle convention nationale, la CN, c’est le nom de la CCT de la construction, bien que celle-ci échoie à la fin de l’année. Il est toutefois bien clair pour les maçons : la CN doit leur apporter davantage de protection de leur santé et contre la sous-enchère salariale.

Défense d’acquis essentiels

Contre cette attitude de blocage, les maçons ont lancé des signaux d’avertissement impressionnants du 9 au 11 novembre. Plus 10 000 maçons ont pris part à des débrayages de protestation, lundi au Tessin, mardi en Suisse alémanique et mercredi en Suisse romande. Ils ont montré qu’ils veulent être traités avec respect. Et qu’ils sont prêts à poursuivre la lutte si les entrepreneurs refusaient d’œuvrer à la recherche de solutions pour les problèmes qui touchent la construction. Ils ne leur reste que quelques semaines pour éviter que le vide conventionnel ne s’installe dès janvier 2016. Si les entrepreneurs ne cèdent pas d’ici là, des grèves seraient possibles à partir de début 2016. Tout entrepreneur un peu clairvoyant devrait avoir maintenant compris que les travailleurs et leurs syndicats Unia et Syna ne vont pas abandonner leurs acquis essentiels sans livrer bataille, ni laisser pourrir leurs conditions de travail.

Genève: la fonction publique contre de brutales économies

A Genève, les employé-e-s de la fonction publique ont fait grève du 10 au 12 novembre contre le programme de réduction des dépenses drastique du gouvernement genevois. Des manifestations ont eu lieu pendant les trois jours, avec toujours autour de 10 000 participant-e-s. Mercredi, les employé-e-s de la fonction publique ont manifesté avec les maçons. Les employé-e-s et leurs syndicats, dont le Cartel intersyndical du personnel de l’Etat et du secteur subventionné ainsi que le SSP se défendent contre un programme d’économies extrêmement rigide qui prévoit le gel des embauches et des salaires, des licenciements facilités, des privatisations et le licenciement de jusqu’à 1800 personnes. Pour compenser la réduction des prestations, les employé-e-s restants devraient travailler plus et passer de 40 à 42 heures pour le même salaire.

Et voilà que la majorité du législatif fait comme si de rien n’était…

Jeudi, les grévistes ont décidé lors d’une assemblée de lever la grève jusqu’au 1er décembre. Une réelle chance de négocier doit être offerte au gouvernement genevois. Mais s’il ne saisit pas cette opportunité, la grève sera reconduite le 1er décembre, puis de nouveau le 3 décembre. Le 25 novembre les protestataires vont à nouveau se rencontrer et évaluer l’offre du Conseil d’Etat. Pour Marc Simeth, le président du cartel intersyndical, il faut développer le mouvement avec de nouvelles forces et convaincre encore plus de collègues de la nécessité de l’action collective.

Le Grand Conseil à majorité de droite a encore entretemps jeté de l’huile sur le feu. Le vendredi 13 novembre, il a adopté un « frein à l’endettement », mesure encore plus dure qui ne peut que faire escalader le conflit en obligeant le gouvernement à faire encore plus d’économies.

On n’avait plus vu depuis longtemps en Suisse une telle lutte de la fonction publique contre des détériorations marquantes de ses conditions de travail et  plus de stress. Les employé-e-s de la fonction publique ont clairement montré qu’ils ne voulaient pas trinquer pour les cadeaux fiscaux offerts aux entreprises.

Tout peut encore bouger à Genève. On voit pourtant qu’est à l’œuvre le manque de discernement de certains qui ne semblent pas comprendre que lorsque l’on sème le vent, on récolte la tempête. Mais ils vont peut-être bientôt le comprendre quand encore plus de monde descendra dans la rue. La grève de la fonction publique a du moins cela de commun avec le débrayage des maçons d’Unia et de Syna.

 

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

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Daniel Lampart
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