Contre le personnel, contre les petits magasins et contre les cantons !

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Écrit par Ewald Ackermann, service de l’information/fq

Heures d’ouverture des magasins : le gouvernement veut une loi

La nouvelle loi sur les heures d’ouverture des magasins (LOMag) proposée par le Conseil fédéral autoriserait tous les commerces de détail du pays à ouvrir leurs commerces de 6 à 20 heures en semaine et de 6 à 19 heures le samedi. L’Union syndicale suisse (USS) estime que ce projet est bon pour la corbeille.

Au début, il y a eu la motion Lombardi qui demandait des heures d’ouverture des magasins valables pour tout le pays. Ensuite, les Chambres fédérales ont approuvé cette motion et aujourd’hui, le gouvernement propose en bon petit soldat une loi qui comporte trois articles, sans doute la loi la plus courte de toute la législation suisse. Mais la concision n’est pas toujours mère de la sagesse, elle est souvent aussi synonyme de stupidité à haute dose. L’USS a rejeté énergiquement ce projet dans le cadre de la procédure de consultation. À cela, trois sortes de raisons sont déterminantes :

Des conditions de travail encore plus stressantes

Si les heures d’ouverture des commerces étaient prolongées de la sorte, les conditions de travail de la vente deviendraient encore plus stressantes, les horaires encore moins planifiables, et les mères qui élèvent seules leur(s) enfant(e)s seraient alors confrontées à d’importants problèmes. En effet, quelle structure d’accueil de jour des enfants ouvre jusqu’à 8 heures du soir en semaine, jusqu’à 7 heures du soir le samedi ? Aujourd’hui déjà, les conditions de travail de la vente sont précaires, demain, elles le seraient encore plus. Ce qui explique aussi pourquoi, dans les sondages, le personnel de la vente se prononce à 90 % contre la prolongation des heures d’ouverture des commerces.

Magasins : grands favorisés et petits mangés

Selon Luca Cirigliano, responsable de ces questions à l’USS, la prescription de la nouvelle loi repose sur l’hypothèse erronée que la prolongation des heures d’ouverture des commerces entraînerait automatiquement une hausse du chiffre d’affaires. Or, ce n’est pas le cas. La loi proposée favorise en effet unilatéralement les grands magasins qui sont mieux à même de maîtriser avec moins de personnel par surface de vente de telles prolongations que les petits magasins. Bref, les grands magasins pourraient ainsi carrément « affamer » les petits ; cela, précisément aussi si le chiffre d’affaires supplémentaire minime est réalisé pendant les heures en fin de journée, car, pour les petits magasins, fermer avant les autres n’entrerait pas en ligne de compte pour une question d’image.

Aucun respect pour les décisions issues des urnes

Dans nombre de cantons, des prolongations des heures d’ouverture ont été rejetées ces dernières années, souvent très nettement. Si la Confédération veut cependant en imposer par voie légale, il s’agit alors de harcèlement et d’une violente attaque contre la démocratie et la souveraineté cantonale. Pas étonnant qu’en plus des syndicats, les cantons s’opposent aussi à cette extension arrogante des heures d’ouverture des commerces. On aurait vraiment pu s’attendre des instances responsables de cette révision qu’elles fassent preuve d’un peu plus de respect pour la démocratie…

En résumé, l’USS estime que ce projet de loi est sans autre bon pour la corbeille.

Responsable à l'USS

Luca Cirigliano

Secrétaire central

031 377 01 17

luca.cirigliano(at)sgb.ch
Luca Cirigliano
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