Un ouvrier contrôle une installation solaire sur le toit

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Une politique climatique efficace en tant que mission de service public : OUI à la loi climat !

  • Énergie et environnement
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Écrit par Reto Wyss

Le réchauffement climatique frappe les salarié-e-s et les parties les plus pauvres de la population

Les syndicats soutiennent la loi sur les objectifs en matière de protection du climat, sur l’innovation et sur le renforcement de la sécurité énergétique, c’est-à-dire la loi climat (LCI) sur laquelle nous voterons le 18 juin prochain. Enfin, la Suisse se fixe des objectifs contraignants en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et dégage des fonds pour les atteindre. C’est une bonne chose pour les travailleurs et les travailleuses qui subissent déjà et de plus en plus souvent les effets délétères du réchauffement climatique.

La Suisse face à ses responsabilités

Le réchauffement climatique n’est pas un phénomène temporellement ou géographiquement éloigné de nous, mais a lieu ici et maintenant, est un effet de l’action humaine et représente un danger existentiel pour nous tous et toutes. Pays parmi les plus riches de la planète ayant bâti son développement économique sur une consommation excessive des énergies fossiles, la Suisse est par conséquent tout particulièrement appelée à assumer ses responsabilités. Mais la crise climatique est avant tout aussi le résultat d’un ordre économique mondial des plus inéquitables. À l’heure actuelle, les 10 % de la population les plus riches sont responsables de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Parallèlement, le réchauffement climatique frappe la partie la plus pauvre de la population ; cela, en Suisse aussi. De fait, il concerne surtout la construction, l’agriculture, les transports, le tourisme et les soins. Et la plupart du temps, celles et ceux qui sont concernées sont des salarié-e-s plutôt mal rémunérés professionnellement exposés à des températures toujours plus élevées et des dangers naturels croissants.

Dans un tel contexte, la politique climatique doit une fois pour toutes être comprise pour ce qu’elle est réellement : une nécessité fondamentale et incontournable pour tout le monde. Le « changement climatique » relève précisément du service public, comme l’approvisionnement en énergie ou les transports publics. Il est le projet d’avenir collectif auquel nous aurions d’ailleurs dû nous attaquer ensemble il y a longtemps, au lieu de l’ignorer dans un premier temps pour l’abandonner ensuite au marché qui n’a fait qu’aggraver les problèmes en usant d’instruments inefficaces comme les programmes de compensation et les engagements volontaires. Ce dont nous avons par conséquent un besoin urgent, c’est d’un programme public d’amélioration de grande envergure et à cet égard, la LCI représente la pierre angulaire.

Des objectifs clairs et des instruments efficaces

Le principal objectif de la LCI est la réduction rapide et, comme le dit explicitement la loi, socialement acceptable des émissions de gaz à effet de serre : moins 75 % jusqu’en 2040, zéro émission net jusqu’en 2050. Les autres objectifs de la nouvelle loi sont, premièrement, l’adaptation aux effets négatifs depuis longtemps apparus du réchauffement climatique ainsi que, secondement, l’orientation des flux financiers de manière à les rendre respectueux du climat, un domaine dans lequel la place financière suisse porte une responsabilité particulière.

En tant qu’à proprement parler mesure principale, la LCI prévoit des investissements publics d’au total 3,2 milliards de francs. Cela, d’une part pour accélérer le remplacement des installations de chauffage au mazout, au gaz et électriques ainsi que pour des mesures dans le domaine de l’efficacité énergétique (2 milliards) et, d’autre part, pour encourager le recours à des « technologies et processus innovants » dans l’économie (1,2 milliard). Pour pouvoir profiter d’un encouragement au plan technologique, les entreprises devront cependant élaborer des « feuilles de route » ad hoc substantielles et également ramener de toute façon à zéro leurs émissions nettes jusqu’en 2050 au plus tard (objectif zéro net).

Un mieux pour les locataires

Environ 60 % des chauffages fonctionnent toujours au mazout ou au gaz et environ 10 % sont électriques. Et presque un chauffage fossile sur deux continue à être remplacé par un chauffage de même type. Concernant les bâtiments, le potentiel de réduction des émissions est de ce fait énorme, seules les transformations nécessaires progressent bien trop lentement. Les fonds destinés à encourager les changements à travers le programme d’impulsion prévu par la LCI représentent donc de l’argent investi de manière extrêmement efficace, surtout pour les locataires aussi. En effet, même si, par exemple, les pompes à chaleur sont plus avantageuses à l’usage que les chauffages fossiles, leur installation est plus onéreuse, ce qui se traduit souvent par une hausse des loyers, ou en sert de prétexte. Si la Confédération prend à sa charge une partie des frais d’assainissement, la marge de manœuvre pour d’éventuelles hausses des loyers s’en trouve substantiellement réduite. En plus d’une baisse des charges résultant de chauffages moins chers à l’usage, les locataires seront en fin de compte financièrement avantagés. De toute façon, il est clair que si les propriétaires, les bailleurs, reçoivent de l’argent de la Confédération pour remplacer un chauffage, les locataires doivent absolument en profiter !

Un mieux pour les salarié-e-s

Pour nous les syndicats, c’est-à-dire pour les salarié-e-s à bas ou moyen revenu et avec un coût de la vie toujours plus élevé, il est absolument déterminant que la LCI soit mise en œuvre, comme prévu, de manière totalement acceptable du point de vue social : si des employeurs reçoivent de l’argent pour des technologies nouvelles, ces dernières doivent être développées avec les salarié-e-s et non pas introduites contre eux. Les syndicats s’engageront pour qu’il en soit ainsi, tant au niveau de la Confédération que dans les entreprises. Notre but supérieur est ici la création d’emplois durables, sains et bien rémunérés. Les « emplois verts » doivent obligatoirement être aussi des « emplois de qualité ». Et de tels emplois, il y en aura car, comme l’estime une étude de la ZHAW, à lui seul, le développement modéré des énergies renouvelables créera 50 000 emplois supplémentaires déjà jusqu’en 2035.

Il faut plus encore : un fonds climat !

Les investissements déclenchés par la LCI sont très importants. Mais ils ne suffisent malheureusement de loin pas pour ramener à zéro jusqu’en 2050 – voire plus tôt comme ce serait en réalité nécessaire – le niveau des émissions de gaz à effet de serre en Suisse. C’est précisément pour cette raison que les syndicats soutiennent en plus l’initiative pour un fonds climat qui demande qu’une offensive de financement à long terme et socialement équitable soit lancée en vue de mettre en œuvre la transition écologique. Ce fonds climat encore à créer devra permettre des investissements publics non seulement en faveur de nouvelles infrastructures et technologies, mais aussi de la formation ainsi que de la reconversion des salarié-e-s et des aides à apporter à ces derniers dans les branches concernées. C’est pourquoi, qui dit A et soutient la loi climat doit nécessairement aussi dire B et signer l’initiative pour un fonds climat.

Responsable à l'USS

Reto Wyss

Secrétaire central

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Reto Wyss
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