Recherche, emplois et coûts

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Écrit par Dore Heim, secrétaire dirigeante de l’USS/fq

Parlement fédéral : politique énergétique

Lors de la prochaine session, les deux Chambres vont s’attaquer à divers aspects du tournant énergétique. Outre des questions de nature écologique et relatives à l’approvisionnement en électricité, des problèmes sociaux seront aussi abordés.

Plan d’action « Recherche énergétique suisse coordonnée »

Impossible de chiffrer avec précision les coûts qu’entraînera le tournant énergétique. Le principal facteur de coût, en plus de la désaffectation et de démantèlement des centrales nucléaires, est la transformation et le développement du réseau. Plus l’évolution technologique en matière de stockage progresse, plus ces coûts disparaissent. C’est pourquoi l’Union syndicale suisse (USS) demande que l’on renforce la recherche appliquée focalisée sur les technologies de production, de réseau et de stockage. La Commission pour la technologie et l’innovation (CTI) doit jouer ici un rôle-clé, car elle est une passerelle entre l’économie privée et la recherche.

Il faut muscler la formation initiale dans les professions MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles, technique), c’est-à-dire concernant les technologies de production, de réseau et de stockage, ainsi que dans le conseil en énergie et l’assainissement énergétique. Il faut également renforcer la collaboration entre les hautes écoles et les petites et moyennes entreprises. Et n’oublions pas qu’il s’agit d’investir aussi dans la formation dans les professions techniques au niveau supérieur. Dans ce domaine également, le tournant énergétique a besoin d’une relève.

La Suisse n’a pas le droit de rater cette opportunité. Elle dispose d’excellentes filières dans les hautes écoles techniques et des meilleures infrastructures de toute l’Europe en matière de logistique, de recyclage, de transports et d’énergie. Une recherche en énergie coordonnée évitera des investissements erronés coûteux et créera des emplois qualifiés dans le tournant énergétique.

Ce programme d’action, qui prévoit des mesures pour les années 2013 à 2016, sera débattu le 7 mars par le Conseil national et le 13 mars par le Conseil des États.

De nouveaux emplois grâce aux énergies renouvelables (initiative Cleantech)

L’USS soutient les objectifs de l’initiative Cleantech. Sur un point vraiment déterminant, la stratégie du Conseil fédéral en matière de politique énergétique n’est pas une solution de rechange pour cette initiative : les buts fixés par le gouvernement concernant le développement des énergies renouvelables sont bien trop modestes. Plus les centrales nucléaires sont exploitées longtemps, plus elles deviennent un facteur de risque majeur. La sortie du nucléaire ne sera possible que si les objectifs relatifs aux énergies renouvelables sont fixés dans des étapes plus brèves et sont plus ambitieux que dans la Stratégie énergétique 2050. Le potentiel du photovoltaïque doit être beaucoup mis à profit, les prix de revient évoluent constamment à la baisse et les installations de production ne représentent que des atteintes minimes à la nature acceptée par la société. Pour que le tournant énergétique réussisse, la consommation d’énergie doit diminuer. Rien de plus efficace ici que des prescriptions contraignantes claires pour les appareils, les véhicules et les machines.

Les assainissements énergétiques et le développement des énergies renouvelables vont sans doute créer de nouveaux emplois dans notre pays et alimenter la demande de main-d’œuvre qualifiée. Mais il faudra aussi veiller activement à ce que la branche énergétique reste un marché du travail attrayant pendant le tournant énergétique, car, aujourd’hui déjà, on y supprime des emplois. Actuellement, les victimes sont des spécialistes de l’entretien du réseau dont on aura à nouveau besoin d’ici peu. C’est pourquoi l’USS demande, pour toute la branche énergétique, une convention collective de travail qui garantisse des conditions de travail de qualité.

L’initiative populaire Cleantech du Parti socialiste sera débattue le 12 mars au Conseil national.

Favoriser les gros consommateurs d’énergie ?

L’USS soutient le développement accéléré des énergies renouvelables qu’une hausse de la rétribution à prix coûtant du courant injecté (RPC) rendrait possible, mais demande très clairement que la durée de la RPC soit limitée à environ dix ans et que l’on adapte régulièrement ses taux aux prix de revient. Nous avons besoin d’une RPC équitable, mais pas d’une garantie de bénéfices sur les coûts supportés par la communauté à travers le prix de l’électricité. Le tournant énergétique ne sera économiquement et socialement supportable que si ses coûts sont répartis de la manière la plus équitable possible entre tous les consommateurs finaux, raison pour laquelle l’USS refuse absolument que les entreprises soient trop généreusement déchargées des redevances sur le prix de l’électricité. Pareille mesure n’est justifiée que pour les entreprises qui consomment beaucoup d’énergie et subissent des désavantages de concurrence à cause des coûts engendrés par la production et la distribution de l’électricité.

L’initiative parlementaire « Libérer les investissements dans le renouvelable sans pénaliser les gros consommateurs » passera le 14 mars au Conseil national.

Favoriser les gros consommateurs d’énergie ? (bis)

Une motion Fournier demande que les coûts de réseau des gros consommateurs soient allégés, alors qu’une autre motion, de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil national (CEATE-N) v celle-là, entend limiter pour toute l’industrie à 0,45 centimes le supplément pour la RPC. Ces deux interventions visent à libérer un important cercle d’entreprises des coûts engendrés par le tournant énergétique. L’USS met en garde : il ne faut pas faire les mêmes erreurs que l’Allemagne, où l’on a précisément agi de la sorte, ce qui a eu pour conséquence de faire de la consommation d’énergie un poste substantiel du budget des ménages. En Allemagne, on parle désormais d’un tarif social de l’électricité. Il faut éviter que les choses n’évoluent dans cette direction chez nous, car cela favoriserait la désolidarisation.

Le tournant énergétique entraînera des couts importants de transformation et de développement des réseaux. L’infrastructure sera financée à travers le prix de l’électricité payé par les consommateurs finaux. En Suisse, la rémunération pour l’utilisation du réseau n’est de loin pas la même pour tout le monde, les ménages et les petites entreprises de l’artisanat payant deux fois plus que les gros consommateurs. Il est donc d’autant plus important qu’à l’avenir, les coûts soient équitablement partagés.

Les motions Fournier : Approvisionnement en énergie et renouvellement du réseau de transport à haute tension par une répartition des charges et de la CEATE-N : Une RPC modérée pour l’industrie seront débattues le 19 mars au Conseil des États.

 

 

Responsable à l'USS

Reto Wyss

Secrétaire central

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