Pour plus de sécurité : accélérer une sortie structurée

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Écrit par Rolf Zimmermann

La décision prise par le Conseil national de sortir du nucléaire est réjouissante. Mais elle ne nous fait qu’entrer dans cette sortie. Maintenant, il faut rapidement appliquer une politique de sortie structurée et systématique du nucléaire. C’est le seul moyen pour nous de créer la sécurité nécessaire : au travail, pour l’environnement et pour l’économie.

La décision de principe de sortir du nucléaire est la conséquence politique de la catastrophe de Fukushima. L’apaisement des esprits que les milieux économiques, uniquement intéressés à faire des profits, avaient réussi à imposer après Tchernobyl ne doit plus nous faire hésiter. Les images terrifiantes qui nous sont parvenues du Japon prouvent qu’on ne  peut pas vivre avec des centrales nucléaires. Des solutions de rechange à cette technologie existent depuis longtemps. Assez barguigné ! La sortie du nucléaire doit et peut être accélérée dès aujourd’hui. Pour ce faire, la sécurité d’un plan structuré s’impose. À savoir, par exemple, une loi sur la sortie du nucléaire donnant les bons signaux politiques et économiques pour que les bons investissements soient réalisés.

Un encadrement systématique

À l’avenir, l’approvisionnement en électricité sera plus décentralisé. Toutes les études montrent qu’aujourd’hui aussi, si l’on prend en compte le réchauffement climatique, l’approvisionnement en électricité et en chaleur vont de pair. Pour la Suisse, les mots-clés sont le couplage chaleur-force (chauffer et produire simultanément de l’électricité), l’énergie solaire et la géothermie. Ils se présentent de manière décentralisée. Cela revalorisera les entreprises d’approvisionnement en électricité des villes et des régions. Leur rôle et leur mandat public devront être renforcés. L’encadrement systématique nécessaire de la sortie du nucléaire – entre autres via des quotas pour de nouvelles parts de production – est par conséquent incompatible avec les rêves de libéralisation et les profits ainsi escomptés, balayés à juste titre par le peuple en 2002.

Mais en tout premier lieu, nous devons augmenter l’efficience. Les kilowatt/heures non utilisés nous rapprocheront le plus rapidement de notre objectif. Cela nécessite des prescriptions légales claires débouchant sur de nouvelles impulsions en faveur d’investissements. Récemment publiée, une étude mandatée par des organisations de protection de l’environnement, des cantons et des entreprises d’approvisionnement en électricité montre qu’économiquement, c’est la solution la plus efficace. L’économicité (valeur nette actuelle) des investissements dans les grandes centrales électriques est par contre clairement négative. C’est seulement après une longue période provisoire risquée que ceux-ci créent des emplois peu durables et cela, uniquement de  manière ponctuelle. Au contraire, une politique axée sur l’efficience et des énergies renouvelables se traduira largement, aux plans régional et des branches (construction, planification, optique, diverses installations, électronique, commerce de détail, activités de conseils, etc.) par la création très rapide de 160 000 années-personnes ; cela, jusqu’en 2035. Le gaspillage des ressources et des investissements doit cesser et céder la place à une politique visant une croissance durable.

Fermer rapidement les vieilles centrales

Le Parlement fédéral s’est malheureusement prononcé contre l’arrêt du fonctionnement des vieilles centrales nucléaires. Or, seuls des profits à court terme parlent pour le maintien de leur exploitation. Elles représentent un grand risque pour les personnes qui y travaillent et celles qui vivent dans leur environnement. C’est finalement la collectivité qui en assume la responsabilité, car aucune assurance ne veut porter ce risque élevé et cher. C’est pourquoi les vieilles centrales doivent être débranchées. Le faire accentuera aussi la pression en faveur de solutions de rechange réalistes. La décision – encore générale – de sortir du nucléaire prise par le Conseil national doit avoir sans tarder des conséquences concrètes. Elle ne doit pas uniquement apaiser sur cette question la population avant les élections. Il faut qu’elle soit le tournant de politique énergétique menant à une plus grande sécurité et à plus d’emplois d’avenir. L’Allemagne montre pour une fois l’exemple, en fermant immédiatement ses centrales les plus vieilles. Pour des raisons tant économiques qu’écologiques, la Suisse doit la suivre rapidement et énergiquement. 

Responsable à l'USS

Reto Wyss

Secrétaire central

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Reto Wyss
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