OUI à des services garantis – NON à une libéralisation totale

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Écrit par Rolf Zimmermann

L’initiative « Pour une poste forte » lancée par le Syndicat de la Communication et soutenue par l’Union syndicale suisse (USS) a abouti. Les 120 000 signatures récoltées en quelques mois sont un message clair, que le premier secrétaire de l’USS rappelle et détaille ci-après.

L’USS et tous les syndicats qui lui sont affiliés soutiennent clairement l’initiative du Syndicat de la Communication. Ils l’ont fait savoir déjà lors du lancement de cette dernière et, aujourd’hui, ils se réjouissent de pouvoir constater que les signatures nécessaires ont pu être récoltées en peu de mois seulement. Si ce n’est pas là un nouveau record, le rythme auquel cette récolte a été menée à bien compte, dans l’histoire des initiatives populaires, parmi les plus élevés. À cela, une raison est déterminante : la Poste est appréciée par les citoyennes et les citoyens parce qu’elle fournit des services de qualité dans l’ensemble du pays et, surtout, parce qu’elle dispose d’un réseau d’offices dense. La population ne veut pas y renoncer. Et l’initiative « Pour une poste forte » leur en offre la garantie.

Son rapide aboutissement est un message clair à l’intention du Parlement, à qui il reviendra d’adopter la réforme de la Poste. La commission du Conseil national, qui abordera sous peu cette question, sait que les projets de libéralisation n’ont en principe pas bonne presse dans notre pays. Le rejet par le peuple de la loi sur le marché de l’électricité en 2002 l’a bien montré. Et, s’agissant de la Poste, le scepticisme devrait être encore plus patent. Certes, le Conseil des États a accepté le projet du Conseil fédéral, un projet inapte à rassembler suffisamment de suffrages en sa faveur. La décision de supprimer le monopole résiduel n’a toutefois été prise qu’à une majorité de hasard, et par 20 voix contre 19. Une proposition de libéraliser intégralement et sans délai la Poste a, elle, nettement échouépar 31 voix contre 9. La gauche et les représentant(e)s des régions de montagne ont fait savoir sans détours au Conseil des États que cette révision de la Poste entraînerait de graves problèmes, comme une hausse des prix, une dégradation de l’approvisionnement en services postaux et une baisse des salaires. Mis à part l’intéressante perspective, pour les opérateurs privés, de maximiser leurs profits, il n’y a aucune raison de réformer la Poste de la sorte.

Aux yeux des syndicats, les revendications suivantes sont essentielles :

 

  1. Le monopole résiduel doit être maintenu, avec l’actuelle limite des 50 grammes. La sécurité financière du service universel ne saurait s’en passer. Il n’est pas question pour les syndicats de libéraliser entièrement les services postaux. En dépit des fortes oppositions qui s’étaient manifestées dans le cadre de la procédure de consultation, cédant à la pression des concurrents privés de la Poste placés sous la houlette d’economiesuisse, le Conseil fédéral a proposé une libéralisation intégrale et rapide via la loi sur la poste,
  2. Le réseau d’offices de poste existant est le garant de services de qualité supérieure dans l’ensemble du pays. Pas question de l’affaiblir. Il faut au contraire continuer à le garantir sous sa forme actuelle.
  3. L’obligation pour la Poste de conclure une CCT avec les syndicats ne doit pas disparaître. Aujourd’hui déjà, la concurrence prend principalement la forme d’une pression qui s’exerce sur les conditions de travail et les salaires. Les expériences, parfois catastrophiques, faites à l’étranger le montrent aussi. La stabilité offerte par une CCT est incontournable. Outre une CCT pour la Poste, la réforme de cette dernière doit également prévoir une CCT de branche.
  4. Les syndicats refusent toute privatisation de la Poste et jugent inutiles les expérimentations prévues concernant la forme juridique de diverses entités. La privatisation « par tranches »de PostFinance est, elle aussi, inacceptable. Propriété de la Confédération, la Poste a besoin de ces services financiers fructueux pour garantir dans l’ensemble l’approvisionnement en services.

Les syndicats ne sont pas seuls à défendre cette politique de services postaux de haute qualité. Les discussions menées à ce jour ont fait apparaître qu’une vaste alliance s’y rallie aussi. Les Chambres fédérales seraient bien avisées de ne pas suivre les idéologues de la libéralisation et de mettre au premier rang de leurs soucis un approvisionnement en services postaux qui soit sûr. À cet égard, l’initiative sera une aide supplémentaire et précieuse.

Responsable à l'USS

Reto Wyss

Secrétaire central

031 377 01 11

reto.wyss(at)sgb.ch
Reto Wyss
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