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Loi sur le CO2 : la campagne du Non est hypocrite et mensongère

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Écrit par Reto Wyss

Votations du 13 juin : les syndicats disent résolument OUI à la loi sur le CO2

Cela fait des semaines que l’UDC – telle une marionnette des riches lobbys pétroliers – crie au loup contre la loi sur le CO2 en propageant de façon éhontée des affirmations clairement fausses. Pour les syndicats, impossible de faire autre chose que de secouer la tête face à ces inepties et, surtout, d’appeler à une puissante mobilisation en faveur de la loi sur le CO2 !

Mentir ne coûte rien

Les opposant-e-s à la loi sur le CO2 mènent depuis des semaines une campagne truffée de mensonges comme jamais. Pour la plupart, ils ne nient pas (ou : ne nient plus !) le réchauffement climatique d’origine humaine - dans un pays comme la Suisse, touché depuis longtemps et plus que la moyenne par le changement climatique, ce serait un peu fort de café. Non, ils mentent ouvertement sur les effets de répartition financière des mesures proposées. « 1000 francs de charges supplémentaires pour une famille de quatre personnes » : le slogan de campagne de l’UDC occulte complètement le fait que la plupart des taxes supplémentaires seront reversées directement aux ménages sous forme de remboursements par habitant-e. Ce qui veut dire que dans bien des cas, les familles à faibles revenus auront plus – et non pas moins – d’argent dans leur porte-monnaie à la fin du mois. Si l’on suit la logique de l’UDC, on pourrait tout aussi bien affirmer que les retraité-e-s souffrent financièrement des prélèvements de la TVA destinés à l’AVS, ou que les agriculteurs et agricultrices sont pénalisés par les impôts nécessaires au financement des paiements directs agricoles.

Le lobby de l’immobilier qui se mue en défenseur des locataires…

Mais il y a plus choquant encore : l’UDC se la joue soudainement grande représentante des locataires de ce pays. Et ce, alors qu’aucun autre parti – à l’exception du PLR – ne s’est engagé aussi systématiquement en faveur des intérêts du lobby immobilier et contre ceux des locataires. Un exemple : à la quasi-unanimité (334 voix contre 2), le parti a décidé de voter contre l’initiative populaire pour plus de logements abordables.

Bien sûr, la loi sur le CO2 entraînera des coûts supplémentaires dans le domaine des bâtiments. Le chauffage au mazout deviendra légèrement plus cher en raison de l’augmentation de la taxe sur le CO2 et l’installation de systèmes de chauffage respectueux du climat a un certain coût initial. Cependant, sur la durée de vie totale d’une installation de chauffage, les pompes à chaleur et autres systèmes similaires sont d’ores et déjà souvent moins chers que le chauffage au mazout. C’est d’autant plus vrai si, en même temps, on isole mieux le bâtiment et que l’on réduit ainsi les besoins en chauffage. Ces rénovations continueront à être fortement subventionnées par le biais du fonds climatique et des programmes énergétiques cantonaux.

Il n’y a donc aucune raison factuelle qui permette d’expliquer pourquoi il y aurait une charge supplémentaire pour les locataires avec les nouvelles taxes et exigences de la loi sur le CO2. Il existe pourtant bel et bien une menace, mais pas à cause de la loi sur le CO2. Avec la nouvelle érosion de la protection des locataires voulue par la droite, c’est la prochaine révision du droit du bail qui risque de coûter cher aux locataires. Là, l’UDC est bien sûr de la partie.

Des multinationales étrangères en renfort

Lors de la votation sur les avions de chasse l’an dernier, les entreprises internationales d’armement ont pris grand soin d’éviter d’apparaître comme des actrices ou des mécènes de la campagne du Oui. Cela aurait été perçu – à juste titre – comme une ingérence inacceptable dans le processus démocratique en Suisse.

Dans le cas de la votation sur la loi CO2 en revanche, il n’y a pas eu de tollé sur le fait que l’association pétrolière (« Avenergy »), dominée par de grandes entreprises étrangères (Shell, BP, Total, Eni), non seulement soutienne la contre-campagne en arrière-plan, mais qu’elle la cofinance et la codirige aussi dans une large mesure, de la collecte des signatures jusqu’au jour de la votation. Ainsi, lorsqu’il s'agit de mettre des bâtons dans les roues de la politique climatique dans la « Suisse souveraine », l’UDC n’est que trop heureuse de pouvoir compter sur un solide soutien de l’étranger.

L’alternative au OUI ? De la science-fiction !

Inventive, l’UDC a présenté sa propre « solution » pour lutter contre le changement climatique : recourir à l’hydrogène. Une stratégie qui relève toutefois largement de la science-fiction. : en effet, pour convertir ne serait-ce que les transports privés motorisés à l’hydrogène, il faudrait multiplier par cinq la quantité d’électricité produite et importée en Suisse, ce qui est absolument irréaliste.

Au lieu de produire de l’hydrogène, on pourrait utiliser les capacités électriques supplémentaires directement comme technologie de propulsion pour l’électromobilité, qui est depuis longtemps « prête pour le marché », comme le prévoit d’ailleurs la loi sur le CO2. Et éviter ainsi les énormes pertes de conversion énergétique occasionnées par la production d’hydrogène. Mais on peut chercher tant qu’on veut dans le plan « Plan Imark » : pas de trace de cette réflexion. Cela se comprend : ce plan n’est pas censé contenir du sérieux, mais doit plutôt faire illusion, au moins jusqu’à la votation. Cependant, tout cela ne rend pas plus vrais les mensonges sur la redistribution financière de la loi sur le CO2.

Le OUI est nécessaire, aussi – surtout ! – pour les travailleurs et travailleuses

Du point de vue syndical, on ne peut que dire et redire : non, la loi sur le CO2 n’est pas parfaite, en particulier parce qu’elle ne suffira pas à la réalisation absolument indispensable des objectifs climatiques suisses (zéro émission d’ici 2050). Elle est néanmoins bien équilibrée et conçue de telle sorte que ni les travailleurs et travailleuses, ni la population rurale ne seront pénalisés, mais surtout les riches qui polluent le plus. Dire OUI à la loi, c’est donc avant tout dire OUI au fait de commencer – enfin – à mettre en œuvre une politique climatique efficace. Et personne ne peut avoir un plus grand intérêt à cela que les travailleurs et travailleuses. Car ce sont eux qui souffriront en premier et le plus durement des bouleversements causés par le réchauffement climatique.

Responsable à l'USS

Reto Wyss

Secrétaire central

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Reto Wyss

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