Les régions périphériques existent encore !

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Écrit par Dore Heim, secrétaire dirigeante de l’USS/fq

Le Conseil des États freine le désengagement de la Poste

Le Conseil des États a accepté plusieurs interventions qui demandent que le retrait de la Poste de certaines régions soit freiné. Le Conseil fédéral doit maintenant revoir les critères d'accessibilité des offices de poste et des agences postales de sorte qu'à l'avenir, il y en ait encore aussi dans les régions périphériques.

La Chambre des cantons a freiné le désengagement de la Poste, mais n'a pas de solution au problème. Les ardents défenseurs d'une communication basée sur WhatsApp entre grands-parents et petits-enfants n'en ont pas non plus. Si certains de leurs commentaires faits pendant la session dénotent une certaine suffisance, lorsque certains d'entre eux demandent à la Poste de faire des régions des incubateurs d'innovations, ils ne sont pas à la bonne adresse. Ce n'est en effet pas la Poste qui assure la couverture numérique des vallées, mais Swisscom. Cette dernière travaille à nouveau mieux avec les petites entreprises électriques régionales et locales. La rapidité avec laquelle l'infrastructure numérique se développera ces prochaines années ne dépend pas tellement de la puissance financière des acteurs en présence, mais de la volonté des politiques. Nos élu(e)s devraient tous le savoir aussi : ni le marché ni l'évolution technologique ne pilote le service public.

Ne pas sacrifier les régions périphériques pour augmenter un peu les bénéfices de la Poste

C'est notamment parce que les entreprises d'infrastructure y sont en majorité ou totalement en mains publiques que l'approvisionnement en services est excellent en Suisse. La desserte des régions périphériques par les transports publics et leur approvisionnement en électricité, médias et services postaux sont la traduction d'une volonté politique. Celle-ci préserve la compétitivité et la viabilité des régions périphériques. On n'a pas le droit de renoncer tout simplement à pareille qualité que garantissent des labels suisses pour permettre à la Poste de faire encore un peu plus de profits.

Dans ce contexte, la décision du Conseil des États en faveur d'une meilleure accessibilité de la Poste dans tout le pays est quand même tournée vers l'avenir, même si les commentateurs des réseaux sociaux rient à gorge déployée, quand la direction de la Poste s'énerve. De fait, grâce au commerce en ligne, l'envoi de colis est en plein renouveau. Et l'envoi de lettres profite de sa popularité sans faille : les PME misent à nouveau plus sur la publicité glissée dans les boites aux lettres. Même les envois en nombre de lettres permettent de faire des bénéfices intéressants aussi à l'ère du numérique. Mais pour cela, on a besoin d'offices de poste ou d'agences postales aptes à faire face.

Garde-fous

Les décisions prises par le Conseil des États posent des garde-fous au groupe de travail chargé par Doris Leuthard de proposer des solutions au problème du service universel dans le domaine postal. Tout le monde attend impatiemment ces propositions. Et si en plus la Poste veut faire d'une des régions structurellement faibles un incubateur d'innovations, personne ne s'y opposera. Elle en aurait tout à fait la puissance financière, même en continuant à verser le salaire de ses facteurs et factrices.

Responsable à l'USS

Reto Wyss

Secrétaire central

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Reto Wyss
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