Hausse exagérée des tarifs des CFF: Le désendettement rapide du rail s’impose

  • Transports
Articles
Écrit par Rolf Zimmermann

Contre toute raison en matière de transports, les tarifs des CFF vont augmenter dans une mesure exagérée dès décembre 2012. La raison principale en est les nouveaux prix des sillons calculés par la Confédération. Ce n’est donc pas le renchérissement général qui est en cause ici, mais la mauvaise politique qui a été suivie. Si la Suisse veut rester un modèle dans ce domaine, nous ne devons pas alourdir la charge financière des chemins de fer, mais alléger leurs dettes.

Cette hausse des tarifs des CFF ne surprend pas. Avec le nouveau « Financement et aménagement de l’infrastructure ferroviaire » (FAIF), le Conseil fédéral a annoncé une hausse des prix du sillon[1]. Et la première tranche de 200 millions de francs à cet effet devra être versée en 2013 déjà, puis une nouvelle suivra. S’il est vrai que les entreprises de chemins de fer ne répercuteront pas, à en croire l’Union des transports publics (UTP), la totalité des coûts supplémentaires, ce qui représenterait une hausse de 9 %, les 5,6 % annoncés sont trop élevés et largement supérieurs au renchérissement. Les abonnements généraux renchériront en effet de 6,3 à 8,1 % et l’abonnement demi-tarif pour trois ans de 15 % même. Or, ce sont précisément les usagers et usagères les plus fidèles qui seront les plus touchés. Mais il y a pire : nous voyons dans ces hausses le début d’une spirale des prix qui, jusqu’à la fin de la décennie, conduira à des augmentations se montant à 20 % en tout.

Il faut donc redresser la barre, sinon le modèle des chemins de fer suisses sera menacé. De fait, si prendre le train devient un luxe, les gens reviendront progressivement à l’automobile. En outre, les hausses des tarifs ne sont d’aucune utilité pour le personnel des chemins de fer. On lui demandera même d’être encore plus productif, à cause de la nouvelle pression sur les coûts que la Confédération fera subir aux entreprises de chemins de fer. Ici aussi, les citrons tant évoqués ont été fortement pressés ces dernières années et la grogne du personnel fidèle de ces entreprises va sans doute s’accentuer.

D’un point de vue économique et écologique, le rail est un des moyens de transport les plus efficaces. Grâce à son développement - demandé à maintes reprises par le peuple dans les urnes, ces dernières décennies -, il a atteint une productivité exemplaire. Les Suisses et les Suissesses sont, en raison d’une offre étoffée, passés en grand nombre de la route au rail. Et cette tendance ne doit pas être stoppée, mais encouragée. En d’autres termes, nous devons faire avancer comme prévu le développement de l’infrastructure ferroviaire et garantir l’entretien de celle-ci. Or, ces dernières années, cet entretien a été éhontément négligé pour des raisons financières. C’est pourquoi le Conseil fédéral veut, selon son message sur le FAIF, financer tous les nouveaux investissements par un fonds unique et de manière durable, parce que non limitée dans le temps. C’est juste.

Ce qui, par contre, ne l’est pas, c’est que, dès le départ, à cause d’une politique financière erronée, on accorde à ce fonds une marge de manœuvre bien trop faible. Des prix du sillon plus élevés au profit de la caisse fédérale et le report de 8 milliards de dettes –provenant du prêt fait à l’ancien Fonds des grands projets ferroviaires (FTP) destiné aux investissements d’importance (Rail 2000, nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes) – sont des sabots de frein qui font obstacle à une politique sensée de l’infrastructure ferroviaire. Une conséquence en est l’actuelle hausse des tarifs. Les 8 milliards de dettes qui devront être remboursés à partir de 2019 grèveront chaque année les comptes du rail de près d’un milliard de francs. La deuxième conséquence est que la première étape d’aménagement, jusqu’en 2025, est trop prudente, car dotée dc 3,5 milliards de francs seulement. Ainsi, les besoins réels, environ 40 milliards, ne pourront jamais être couverts.

Depuis deux ans, l’Union syndicale suisse (USS) et le Syndicat du personnel des transports (SEV) demandent instamment à la Confédération de biffer les dettes accumulées, une demande qu’ils ont sans cesse réitérée en rapport avec le FAIF. Le rail est un service public auquel tout le monde doit pouvoir accéder à des prix abordables. Les investissements à effectuer dans ce domaine ne se calculent pas uniquement d’un point de vue économique, car ils sont également nécessaires d’un point de vue énergétique et climatique.

Le message sur le FAIF se trouve maintenant au Conseil des États. À ce dernier de décider comme il se doit, puisqu’il en a la possibilité.


[1] Itinéraire d’un train, défini dans le temps et l’espace.

Responsable à l'USS

Reto Wyss

Secrétaire central

031 377 01 11

reto.wyss(at)sgb.ch
Reto Wyss
Top