Pour une Europe plus sociale !

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Écrit par Jean Christophe Schwaab

Du 16 au 20 mai, la Confédération européenne des syndicats (CES) a tenu son congrès à Athènes. L’Union syndicale suisse (USS) y était représentée par Vasco Pedrina, repré-sentant de l’USS au comité exécutif de la CES, Paul Rechsteiner, président de l’USS, Andi Rieger, président du syndicat Unia, et Barabara Spalinger, vice-présidente du Syndicat du personnel des transports (SEV). Les congressistes ont adopté une stratégie et un plan d’action pour répondre à la crise de l’euro et aux programmes d’austérité toujours plus durs appliqués en Europe au détriment des travailleuses et travailleurs.

Les autorités de l’UE et de ses États membres répondent à la crise de l’euro par un « Pacte pour l’euro » aux conséquences dramatiques pour beaucoup de salarié(e)s. Les mesures d’austérité ont aggravé la situation et les pays concernés font face à une récession prolongée, une charge de la dette et un chômage en hausse. Le risque est réel de voir des pays et leurs populations s’endetter davantage encore, mettant ainsi l’Europe sociale et le projet européen tout court en grand danger. La Suisse ne sera pas épargnée, comme elle ne l’est déjà pas suite à la multiplication des attaques contre les droits des travailleurs et travailleuses résultant du « Pacte de stabilité renforcée » de l’UE et d’une série d’arrêts de la Cour de justice européenne.

L’USS soutient donc pleinement la résolution adoptée par le congrès de la CES d’Athènes, qui exige d’urgence un changement fondamental dans l’approche de la crise par l’UE et une augmentation de l’aide aux pays en difficulté comprenant un plan d’investissement européen ambitieux, l’émission d’obligations par l’UE (pour réduire la pression sur les économies en détresse), le développement d’une politique industrielle durable soutenue par une réforme fiscale incluant une taxe sur les transactions financières.

A l’instar de la CES, l’USS dénonce les implications du « Pacte pour l’euro » en voie d’adoption, notamment en matière de salaires. Ces nouvelles règles remettent en cause l’autonomie des partenaires sociaux et créent une pression à la baisse sur les salaires ainsi que sur les retraites. Contre ce « corset salarial européen», nous continuerons de soutenir activement les mobilisations de la CES jusqu’au vote final du « Pacte sur l’euro » ainsi que celles qui devront suivre. En effet, seules des actions de mobilisation et de grèves concertées en Europe pourront stopper cette dérive néolibérale et antisociale.

Face au démantèlement en cours de l’Europe sociale, la protection des droits des travailleurs et travailleuses exige une nouvelle assise juridique dans l’UE. Elle est nécessaire aussi pour mettre un terme à l’offensive des autorités européennes contre notre dispositif de protection antidumping face à la libre circulation des personnes. C’est pourquoi, les syndicats suisses ont proposé au congrès de la CES de lancer une initiative citoyenne européenne (ICE), conformément au nouveau Traité de Lisbonne, intitulée « Pour une Europe sans dumping salarial – priorité aux droits sociaux fondamentaux par rapport aux libertés économiques ». Une telle ICE viserait à donner aux autorités de l’UE le mandat d’ancrer

 

  • dans le Traité de l’UE un protocole de progrès social fixant cette priorité des droits sociaux fondamentaux et
  • dans la législation y relative – notamment la Directive sur le Détachement des travailleurs – le principe « A travail de valeur égale, salaire égal » sur la base des pays d’accueil des migrant(e)s.

Tout en acceptant l’idée d’une telle campagne pour l’Europe sociale, le Congrès a renvoyé pour examen ultérieur une décision sur le lancement d’une ICE. L’USS poursuivra le travail de persuasion au sein de la CES, car nous restons convaincus qu’une telle ICE permettrait de provoquer le changement de cap nécessaire.

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

031 377 01 16

daniel.lampart(at)sgb.ch
Daniel Lampart
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