Conférence de presse annuelle de l’USS: Consolider l’État social, créer des emplois et introduire un impôt sur les bonus

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Écrit par Ewald Ackermann

Le chômage va poursuivre sa progression en 2010. La droite s’attaque frontalement à notre sécurité sociale. Et les banques veulent arroser leurs dirigeants de juteux bonus. L’Union syndicale suisse (USS) entend stopper cette effrayante évolution, entre autres à l’aide d’un impôt de 50 % sur les bonus. Tel est en quelques mots le message que l’USS vient de faire passer lors de sa traditionnelle conférence de presse annuelle.

En période de crise, les assurances sociales sont plus nécessaires que jamais. Or, selon le président de l’USS, Paul Rechsteiner, « les milieux politiques proches des banques, voire, pour une part d’entre eux, financés par elles, (veulent) démanteler les prestations de l’assurance-chômage ; cela, en pleine crise ! », ainsi qu’à l’orée d’une année qui, au chapitre « chômage », sera sans doute la pire depuis des décennies. Et la vaste offensive de la droite n’est pas uniquement dirigée contre l’assurance-chômage. À l’enseigne d’un démantèlement social général, les bourgeois entendent aussi s’attaquer à l’AVS, comme ils l’ont déjà fait avec le 2e pilier (votation du 7 mars), ainsi qu’à l’assurance-accidents et à l’AI. Jamais la Suisse n’avait connu une telle « offensive concertée contre l’État social (…) orchestrée par les partis de droite », a ajouté Paul Rechsteiner. Un président qui a encore précisé que les syndicats, déterminés à défendre le rôle de l’État social dans notre société, se battront de toutes leurs forces lors de cette grande confrontation qui se dessine.

Impôt sur les bonus : économiquement judicieux et socialement juste

L’économiste en chef de l’USS, Daniel Lampart, a dressé un bilan sombre de l’emploi ces 20 dernières années en Suisse. Sans égard aucun pour leur personnel, les entreprises ont rationalisé, les actionnaires et les top managers se sont réservé les meilleures parts du gâteau et ont fait payer les coûts de ce comportement, aussi égoïste qu’arrogant, à la collectivité par le biais des assurances sociales et de l’aide sociale. Toujours selon Daniel Lampart, après le krach des banques, on constate toutefois un certain tournant, à tout le moins chez nos voisins : les trains de mesures conjoncturelles démontrent leur efficacité et la concurrence fiscale en faveur des plus riches s’attiédit. Mais en Suisse, rien n’ira – et ne va – sans impulsion dans la même direction, comme le montre l’exemple d’une l’UBS qui « remplit la corne d’abondance des bonus pour les hauts dirigeants et les banquiers d’affaires, tout en voulant se débarrasser de 1200 à 1500 salarié(e)s. »

C’est pourquoi il faut que nous luttions avec détermination contre ces démantèlement sociaux qui menacent, ainsi que pour une meilleure justice distributive et contre le chômage. Cela, entre autres au moyen d’un impôt de 50 % sur les bonus versés aux grands dirigeants. Le produit d’un tel impôt – Daniel Lampart l’estime avec prudence à 2 milliards de francs – devra être distribué aux bas et moyens revenus ; ce qui représentera plus de 1000 francs pour une famille de quatre personnes. Parallèlement, il faut lancer une offensive de formation en vue de la « pénurie de main-d’œuvre spécialisée » qui s’annonce. Et encore : la durée maximale du chômage technique devra être étendue à 24 mois, soit 520 indemnités journalières.

Défense du service public

Lors de cette conférence de presse annuelle, l’USS a présenté quelques uns des thèmes qui l’occuperont en priorité durant l’année 2010 (congrès ordinaire, initiative pour des salaires minimaux, libre circulation des personnes…). Le premier secrétaire de l’USS, Rolf Zimmermann, a souligné la nécessité d’infrastructures publiques performantes. L’USS fera donc « tout pour éviter à la Suisse une libéralisation intégrale des services postaux. » et pour le maintien ou le rétablissement de l’« approvisionnement en électricité sûr et avantageux garanti par des monopoles régionaux munis d’un mandat public de prestation. » En matière de transports ferroviaires, Rolf Zimmermann a encore précisé que l’USS luttera pour que l’on ne se dirige pas vers un démantèlement.

 

Vous trouvez les contribution de

  • Paul Rechsteiner, président de l'USS
  • Rolf Zimmermann, premier secrétaire de l'USS
  • Daniel Lampart, économiste en chef de l'USS
  • Colette Nova, secrétaire dirigeante de l’USS

en annexe.

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

031 377 01 16

daniel.lampart(at)sgb.ch
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