Une révision à oublier !

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Écrit par Ewald Ackermann

La révision de la loi sur l’assurance-chômage (LACI) touche principalement les jeunes et les chômeurs et chômeuses de longue durée. Elle coupe en effet drastiquement dans la protection sociale de celles et ceux qui sont précisément le plus durement frappés par la crise. C’est pourquoi l’Union syndicale suisse (USS) exige que l’on y renonce. On peut assainir cette assurance avec la loi en vigueur. Et même mieux qu’avec le projet de révision du gouvernement !

« À oublier ! », a réclamé énergiquement le président de l’USS, Paul Rechsteiner. Ce qu’il faut « oublier » ici, c’est ici la 4e révision de la LACI, qui s’est conformé pour l’heure à un seul modèle, celui du démantèlement social. Le Conseil des États lui a déjà donné sa bénédiction, coupant massivement dans les prestations destinées aux jeunes et aux chômeurs et chômeuses de longue durée. La commission du Conseil national était même allée plus loin encore lors de sa première réunion pour, toutefois, finir ensuite par décider de recommander au Conseil national de ne pas entrer en matière.

Le projet de révision de la LACI veut donc imposer, aux jeunes qui sont au chômage, ainsi qu’aux personnes qui le sont depuis un certain temps, des réductions énormes de leurs prestations. Concernant ces derniers, dans les régions particulièrement touchées par le chômage, ils ont aujourd’hui droit à une prolongation de leur durée d’indemnisation. Selon la révision, ce ne serait plus possible. Quant aux jeunes, leur durée d’indemnisation se verrait brutalement raccourcie. Bref, ce sont précisément ceux qui sont le plus touchés par la crise qui se verraient punis une deuxième fois avec cette révision !

Finalement, cette dernière n’apporte rien, mis à part le démantèlement d’une protection sociale. Et cela, à une époque où la crise qui s’étend demande logiquement une meilleure protection. Ou encore, comme Paul Rechsteiner l’a dit : « Une assurance sociale qui ne remplit plus ses tâches - ou ne les remplit plus dans une mesure satisfaisante - à un moment où elle est particulièrement appelée à intervenir ne mérite pas ce nom. »

Et l’assainissement financier ? Lui aussi serait réalisable avec plus d’efficience dans le cadre de la loi en vigueur plutôt qu’avec la révision proposée. En effet, la loi actuelle contient un mécanisme d’assainissement automatique. L’économiste en chef de l’USS, Daniel Lampart, l’a rappelé : « Lorsque la dette de l’assurance-chômage représente 2,5 % au moins de la somme des salaires soumis à cotisation, le Conseil fédéral doit augmenter le taux de cotisation. Ce qui sera le cas l’an prochain. » Le gouvernement devra donc relever l’an prochain d’au maximum 0,5 point de pourcentage la cotisation de l’assurance-chômage et introduire le pour-cent de solidarité pour les hauts revenus, à savoir pour les parts de revenus se situant entre 126 000 et 315 000 francs par an.

Le calcul est vite fait : avec la loi en vigueur, le Conseil fédéral peut mieux améliorer le financement de l’assurance-chômage qu’avec son projet de révision en l’état (hausse de 0,3 % des cotisations, dont 0,1 % pour le désendettement de l’assurance).

Et le « calcul social » est lui aussi vite fait : en « oubliant » cette révision, on laisse intacts  les droit des chômeurs et chômeuses, des droits qui témoignent quand même d’un minimum de respect à l’égard de celles et ceux que ce fléau frappe de plein  fouet.

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

031 377 01 16

daniel.lampart(at)sgb.ch
Daniel Lampart
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