PV 2020: Pourquoi UBS démolit l’AVS

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Écrit par Doris Bianchi

Répandre la panique pour faire des affaires, sans scrupules, sur le dos de citoyens apeurés.

Depuis des années, UBS publie au moins une fois par an une soi-disant étude sur l’AVS qu’elle se fait un plaisir de dégommer. La dernière remonte à la semaine dernière. Mais cette fois-ci, je n’en ai pas cru mes yeux. Quelques jours plus tôt, un conseiller d’UBS me remettait un prospectus publicitaire qui lui aussi peignait l’avenir de la prévoyance vieillesse en noir. Il est dès lors évident que la stratégie sans scrupules d’UBS ne vise qu’à faire des affaires sur le dos des citoyens apeurés en leur vantant sa nouvelle épargne-prévoyance à haut risque.

UBS répand la panique selon un schéma bien rôdé. La banque brandit la menace de la démographie et assène sans relâche aux potentiels clients que l’AVS a de gros problèmes de financement. Mais pas un mot sur le fait que l’AVS verse actuellement plus du double de rentes (2,2 millions) qu’en 1975 (900 000), sans que les cotisations n’aient jamais été augmentées. Pas un mot non plus sur le fait que toutes les études qui depuis 30 ans prévoyaient un trou financier désastreux ont été démenties. Il est effectivement impossible de prévoir à aussi long terme que ne le fait UBS. L’Office fédéral des assurances sociales a pour sa part fait des prévisions jusqu’en 2045 qui prennent en compte une augmentation de la productivité pourtant très prudente. Résultat : il faudrait un léger financement additionnel d’un peu plus de 1 % du PIB. L’étude d’UBS ne vaut donc même pas le papier sur lequel elle a été écrite. 

Depuis peu, UBS insiste aussi sur les problèmes de caisses de pension. Elles sont incontestablement dans une situation difficile en raison des taux d’intérêts extrêmement bas. Ce n’est pourtant pas une raison de présenter le système des trois piliers comme si le premier pilier s’écroulait et le deuxième présentait de larges fissures alors que le 3e pilier serait dans un état irréprochable. Car le problème des taux d’intérêts bas se pose également pour le 3e pilier, comme pour tout système de prévoyance par capitalisation.

75% d'actions pour un 3e pilier: cher et risqué

Mais UBS n’en a que faire : elle promeut dans son prospectus des fonds de prévoyance qui comportent jusqu’à 75 % d’actions. Sans aucun scrupule, même si la banque écrit en tout petit que plus le pourcentage d’actions augmente, plus les fluctuations de valeurs et donc les risques sont importants. Et si je dois prendre ma retraite pendant que la Bourse est en crise ? Et ce n’est pas là un scénario catastrophe de syndicaliste. En ce qui concerne les comptes de prévoyance du 3e pilier défiscalisés, je ne peux en effet pas décider librement quand je retire le capital, ni quand je paie des impôts dessus.

Sur les 67 dernières années boursières, 19 ont clôturé sur une baisse. Cela veut dire presque tous les quatre ans. C’est un risque bien trop élevé pour tous ceux qui ne sont pas très fortunés, comme l’explique cet article. UBS se garde bien de dire que ses produits sont chers. Les traders, les bourses, les fonds et la banque, chacun ramasse son écot sur mon 3e pilier. Au contraire de l’AVS : elle est gérée de manière tellement économique et efficiente que notre assurance sociale est celle qui peut de loin générer le plus de rente avec chaque franc de cotisation.

Traders, assureurs et banquiers ne gagnent rien avec l'AVS

Et comme, grâce au système de financement par répartition, toutes les cotisations salariales financent directement les rentes des retraité(e)s, il n’y a pas d’argent à se faire pour les banques et les assurances. UBS brandit plutôt la peur du vieillissement démographique et essaie de monter les générations les unes contre les autres. Celles et ceux qui bénéficient maintenant de leur retraite ont, pendant leur vie active, financé la retraite des séniors d’alors. Et celles et ceux qui actuellement travaillent et cofinancent de leurs cotisations les retraites actuelles, pourront bénéficier plus tard de l’AVS.

Une AVS solide et des caisses de pensions stables ne sont pas dans l’intérêt des banques, des assurances et de leur association economiesuisse. Ils ne voient donc pas d’un très bon œil Prévoyance vieillesse 2020 qui renforce l’AVS et sécurise les retraites. Et préfèrent peindre le diable sur la muraille pour nous convaincre de la nécessité de contracter un 3e pilier onéreux et très risqué. Ne nous laissons pas entraîner dans ce jeu de dupe. En votant Oui au compromis Prévoyance vieillesse 2020, nous pouvons contrecarrer leurs plans. Le 24 septembre, la balle est dans notre camp.

Responsable à l'USS

Gabriela Medici

Première secrétaire adjointe

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Gabriela Medici
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