PV 2020 : « Notre soutien au projet du Conseil des Etats est indispensable »

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Écrit par Christiane Brunner, ancienne présidente du syndicat FTMH, coprésidente de l’USS et conseillère aux Etats

L’ancienne coprésidente de l’USS et égérie féministe explique pourquoi elle s’oppose à un référendum

Aujourd’hui le projet Prévoyance vieillesse 2020 me fait sortir de la réserve que je m’étais imposée depuis ma retraite, tellement il est important pour le futur de notre prévoyance vieillesse et tellement les décisions sont difficiles à prendre.

Projet équilibré, pour les femmes aussi

Le Conseil des Etats a fait un travail remarquable de précision et d’équilibre entre la baisse des prestations et la sauvegarde du niveau général des rentes pour les hommes comme pour les femmes. Tout en assurant le financement de l’AVS à long terme. La droite du Conseil national n’a qu’un objectif : démanteler le plus de prestations possibles et faire en sorte que le financement de l’AVS ne soit pas assuré. Pendant mes 16 ans de parlementaire à Berne, je n’ai jamais vu de bataille aussi acharnée entre les deux chambres. Entre le Conseil des Etats d’un côté qui veut un projet équilibré et la majorité du Conseil national de l’autre côté, qui veut tirer la corde à soi et se positionner en sauveur de notre prévoyance vieillesse au détriment de l’intérêt général.

Précipiter l’AVS dans les chiffres rouges

Il faut bien saisir que la droite n’a qu’un seul objectif, quels que soient les moyens d’y parvenir : elle veut que l’AVS ne dispose plus de suffisamment de rentrées pour garantir les rentes et pouvoir décider, dans la panique de l’urgence pécuniaire, qu’il faut augmenter l’âge de la retraite pour tout le monde à 67 ans au moins. Pour cela elle propose un bricolage uniquement dans la prévoyance professionnelle qui est plus complexe à comprendre et à maîtriser, elle charge le bateau dans le démantèlement des prestations, elle introduit même un mécanisme automatique dans l’AVS pour que l’augmentation de l’âge de la retraite suive en ligne directe la perte de ressources dans l’AVS. La droite sait qu’en suivant cette ligne, elle entraînera un référendum et qu’elle risque de perdre devant le peuple. Mais cela lui est bien égal, car si les référendaires gagnent, on reviendra au statu quo et l’AVS s’enfoncera dans les chiffres rouges à très court terme. Alors l’opinion sera mûre pour accepter en votations populaires une augmentation de l’âge de la retraite pour tout le monde.

Pas de comparaison avec la RIE III

Je sais que nous sommes gonflés à bloc par notre succès sur le référendum sur la RIE 3, il y avait une pression internationale pour que nous abolissions les statuts spéciaux des entreprises. La droite a chargé le bateau et il a coulé. Il n’y a toutefois aucune comparaison possible avec un référendum contre Prévoyance vieillesse 2020. Nous n’avons aucune pression internationale pour changer notre système de prévoyance vieillesse, on en restera donc au système actuel et on laissera l’AVS faire des déficits et nos caisses de pension se débrouiller avec l’augmentation de l’espérance de vie et l’absence de rendement des placements.

Une augmentation de 70 francs non négligeable pour les femmes

Nous avions combattu l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes de 62 à 64 ans dans la 10ème révision de l’AVS, c’était une hausse difficile à avaler, nous avions perdu le référendum. Mais dans la 10ème révision il y avait aussi l’introduction du partage des cotisations pour les personnes mariées et de la bonification éducative. Ces avancées ont permis une augmentation significative des retraites AVS pour les femmes. Dans le projet prévoyance vieillesse 2020 du Conseil des Etats il y a aussi une augmentation de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, c’est aussi difficile à avaler, cette soi-disant égalité alors qu’elle n’est pas réalisée dans la société. Mais il y a également une augmentation de la rente AVS de 70 francs par mois, cela fera du bien au portemonnaie des femmes pour lesquelles ces 70 francs par mois ne sont pas négligeables.

Je vois combien il est difficile de trancher, mais je suis persuadée que nous sommes à un tournant essentiel pour l’avenir de notre système de prévoyance vieillesse. Notre soutien au projet du Conseil des Etats est indispensable pour combattre les objectifs de la droite et pour assurer l’équité et la stabilité dans notre système suisse de prévoyance vieillesse.

 

Responsable à l'USS

Gabriela Medici

Première secrétaire adjointe

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