Cette constatation contraste avec l’exigence selon laquelle on devrait réduire les prestations de l’assurance-chômage pour que celui-ci baisse. Les dernières recherches à ce sujet donnent différentes explications au fait qu’une bonne assurance-chômage et un faible chômage sont deux réalités conciliables.
Avec une bonne assurance-chômage, les personnes au chômage disposent de suffisamment de temps pour trouver un emploi correspondant à leurs aptitudes. Par contre une mauvaise assurance-chômage les contraint à trouver le plus rapidement possible un emploi, même si ce dernier ne leur permet pas de mettre à profit leur savoir-faire. Le danger, par exemple, de voir les connaissances acquises dévalorisées augmente d’autant. Les recherches parlent d’un « scar effect » (effet de scarification) : celle ou celui qui tombe au chômage acceptera rapidement – y sera contraint – de prendre un nouveau travail et ses perspectives en la matière s’en trouveront durablement moins bonnes que celles des personnes qui, ayant les mêmes qualités, ne sont pas tombées au chômage.
Un autre argument est qu’une bonne assurance-chômage peut rendre les gens mieux disposés à aussi accepter un emploi hautement productif lié toutefois à un risque élevé de chômage. Une comparaison internationale de l’OCDE a montré que les pays qui réduisent les prestations de leur assurance-chômage peuvent subir ensuite des baisses de productivité.
En outre, l’existence d’une bonne assurance-chômage a, sur la conjoncture, des effets stabilisateurs à ne pas sous-estimer. L’assurance-chômage suisse, par exemple, soutient l’économie en période de récession, en fournissant au produit intérieur brut une impulsion d’environ 0,5 %, alors qu’en période de haute conjoncture, elle exerce un effet de ralentissement sur cette dernière, qui est de même ampleur.