Payer plus pour toucher encore moins ? Pas question ! Il faut tout simplement des meilleures rentes pour les femmes

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Écrit par Gabriela Medici

Pourquoi cette réforme n'est pas acceptable

On entend souvent dire que la LPP, c’est trop compliqué. Ce n’est pas faux : le système a de nombreuses subtilités. Mais il y a aussi des faits qui sont très faciles à comprendre. Par exemple : les femmes touchent un tiers de moins de rente que les hommes. Il faut donc que les rentes des femmes augmentent très vite, grâce à un financement qui doit rester abordable pour les assurées.

Avant la votation sur AVS 21, le Parlement et sa majorité avaient multiplié les belles promesses. Les femmes devaient travailler plus longtemps jusqu’à la retraite, mais verraient en revanche leurs rentes du 2e pilier augmenter. À peine trois mois plus tard, c’est la désillusion. Ce que propose le Parlement n’apporte aucune amélioration. Pire, pour de nombreuses femmes, cette révision de la LPP entraîne même une baisse des rentes, alors les cotisations prélevées sur leur salaire va augmenter. Ainsi, une femme de 49 ans devrait à l’avenir payer 100 francs de plus chaque mois, mais recevrait environ 200 francs de moins de rente une fois arrivée à la retraite, car le taux de conversion va être abaissé. Le taux de conversion détermine le pourcentage de l’avoir de vieillesse que l’on reçoit chaque année sous forme de rente.

Mais quelque chose ne joue pas dans cette histoire. En effet, même sans réforme de la LPP, les rentes du 2e piliers n’ont cessé de fondre comme neige au soleil depuis plus de dix ans. Et cela, alors que les caisses de pension croulaient sous les bénéfices issus des marchés boursiers et immobiliers. Dans le 2e pilier, il est devenu habituel d’avoir une faible rémunération de l’épargne, des taux de conversion en baisse, des frais en hausse, mais de l’autre côté des bénéfices plus élevés pour les caisses de pensions et les assurances. Autrement dit, les caisses de pensions pompent toujours plus dans notre épargne – près de 6 milliards de francs par année. Avec autant d’argent, on pourrait facilement augmenter les rentes des femmes. Malheureusement, ce n’est pas ce qui se dessine. Et donc les vendeuses toucheront toujours des rentes dérisoires alors que les banques feront des bénéfices toujours importants. Et les rentes des femmes resteront trop basses pendant encore longtemps.

Pourquoi donc ce blocage de la part des conseillers aux États ? Pourquoi les milliards ne peuvent-ils pas être utilisés pour améliorer les retraites plutôt que pour les bonus des banques et les bénéfices des assurances ? Malheureusement, de nombreux parlementaires sont liés avec ce secteur d’activité par des mandats et des sièges dans les conseils d’administration. Mais nous ne devons pas être les victimes de ces lobbyistes, nous pouvons et devons maintenir la pression.

Dans tous les cas de figure, l’AVS fonctionne mieux pour les femmes que le 2e pilier. En effet, le travail d’éducation des enfants est pris en compte et mène à des rentes plus élevées. De plus, contrairement aux caisses de pension, personne ne fait de bénéfices sur nos retraites. Mais le point le plus important, c’est que les personnes avec les plus hauts salaires cotisent beaucoup plus que les personnes à revenu moyen, alors que leur rente AVS est plafonnée. L’AVS est donc une bonne affaire pour 90 % de la population. C’est le principe génial de l’AVS : ce système permet d’assurer qu’une caissière, une vendeuse ou un boulanger touchent eux aussi une retraite décente. Nous devons absolument renforcer cette AVS. L’année passée, nous avons donc lancé l’initiative pour une 13e rente AVS. Cette mesure permettra de renforcer l’AVS en général et d’améliorer les rentes des femmes.

Responsable à l'USS

Gabriela Medici

Première secrétaire adjointe

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