Les Vaudois comblent deux lacunes du filet social

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Écrit par Jean-Christophe Schwaab

La « stratégie cantonale de lutte contre la pauvreté » a été plébiscitée par plus de 61% des Vaudoises et des Vaudois lors de la votation populaire du 15 mai dernier. Cette stratégie comporte deux volets, qui comblent deux lacunes importantes du filet social : les prestations complémentaires pour familles de travailleurs pauvres (PC familles) et les rentes-ponts pour chômeurs et chômeuses âgés. Elle est financée en partie par une coti-sation salariale paritaire de 0,06 %.

PC familles : pour que le travail en vale la peine

Bien des travailleurs et travailleuses pauvres ont un revenu disponible à peine supérieur à celui qu’ils auraient s’ils ne travaillaient pas du tout et dépendaient entièrement de l’aide sociale. Ce qui signifie qu’une personne dépendant de cette dernière qui fait le choix de se réinsérer dans le monde du travail n’améliorera pas sa situation financière. Bref, à ce tarif, le travail n’en vaut guère la peine. Pour les personnes concernées, c’est problématique, car rester à l’aide sociale diminue les chances de retrouver un jour un emploi. L’État en subit aussi les inconvénients, car les bénéficiaires de l’aide sociale n’ont pas intérêt à en sortir. Or, elle coûte de plus en plus cher, notamment à cause de la dernière révision de la loi sur l’assurance-chômage.

C’est là qu’interviennent les PC familles. Il s’agit d’un complément de revenu d’au maximum 33 000 francs par an (en moyenne Fr. 7800.- par famille concernée) versé aux travailleurs et travailleuses pauvres avec enfants de moins de 16 ans. Contrairement à l’aide sociale, qui diminue avec la croissance du revenu d’un éventuel emploi, les PC familles s’ajoutent au revenu du travail, dans le but d’encourager la reprise d’une activité lucrative sans diminuer le revenu disponible. Dans ce cas, plus les personnes concernées travaillent, plus leur revenu disponible augmente. Bref, travailler en vaut de nouveau la peine. En outre, les PC familles sont bien plus adaptées à la situation des personnes qui travaillent que l’aide sociale, en particulier parce qu’elles n’ont pas besoin de mesures de réinsertion. Enfin, elles sont doublées pour les familles avec enfants de moins 6 ans, car c’est quand on a de très jeunes enfants que les possibilités de travailler sont le plus réduites.

Comme les familles de travailleurs et travailleuses pauvres sont encouragées à retrouver du travail grâce aux PC familles, elles ont moins, voire plus du tout besoin de l’aide sociale. Dans le canton de Vaud, 900 familles (2600 personnes) pourront ainsi en sortir.

Les PC familles existent désormais dans les cantons du Tessin, de Genève, Vaud et Soleure. Dans les deux derniers cas, elles ont été acceptées en vote populaire. L’USS s’engage pour que cet excellent système soit étendu à tout le pays.

Des rentes-pont pour une fin de carrière digne

Les personnes qui perdent leur emploi à un âge avancé ont peu de chances d’en retrouver un. Même s’ils refusent toute forme de retraite flexible, les employeurs ont plutôt tendance à ne pas engager les travailleurs et travailleuses de plus de 55 ans. Or, les assurances sociales n’offrent qu’une protection très lacunaire aux chômeurs et chômeuses âgés. Et cette protection vient malheureusement d’être affaiblie par la prolongation du délai de cotisation nécessaire pour bénéficier, dès 55 ans, de la prolongation des indemnités de chômage.

Pour les personnes au chômage concernées, il n’y a souvent pas d’autre solution que le recours à l’aide sociale. Ce recours est dramatique sur le plan personnel. En effet, il signifie que l’on achève sa carrière professionnelle en tant qu’assisté. Sur le plan financier, c’est une situation difficile : avant de bénéficier de l’aide sociale, il faut en effet épuiser (presque) toutes les économies patiemment amassées pendant une vie entière et parfois même liquider son deuxième pilier. Une telle fin de carrière n’est pas digne.

Les rentes-pont sont une excellente solution à ce grave problème. Au lieu de l’aide sociale, les personnes au chômage à deux ans de l’âge AVS qui ont épuisé leurs droits à l’assurance-chômage toucheront une préretraite calquée sur les prestations complémentaires AVS/AI. Cela permettra à environ 600 retraité(e)s d’éviter l’aide sociale, de conserver la majeure partie des économies de toute une vie, d’éviter de devoir liquider leur avoir de caisse de pension et, surtout, de terminer leur carrière professionnelle dans la dignité.

Responsable à l'USS

Gabriela Medici

Première secrétaire adjointe

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