Des primes de caisses-maladie qui assassinent la conjoncture

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Écrit par Daniel Lampart

C’est grâce à la consommation que l’économie suisse n’est pas (encore) en trop mauvais état. Ce qui est à mettre notamment au crédit des accords salariaux conclus l’automne dernier et au renchérissement qui a pratiquement disparu depuis lors. Comment la conjoncture suisse se présentera-t-elle l’année prochaine ? Cela dépendra essentiellement de l’évolution du pouvoir d’achat de la population.

Concernant l’évolution de ce dernier, les signes sont pour l’heure tout sauf réjouissants. La hausse du chômage rendra en effet plus difficile la conclusion de bons accords sala­riaux. Et c’est précisément dans ce contexte que les caisses-maladie veulent massivement relever leurs primes, prévoyant des augmentations pouvant aller jusqu’à 10 pour cent !

Or, une augmentation de cette ampleur aurait des conséquences graves pour la conjonc­ture. Avant d’avoir bénéficié d’une éventuelle réduction de ses primes, un ménage suisse consacre en moyenne 8 pour cent de son revenu disponible à son assurance-maladie obli­gatoire. Pour les bas revenus, cette proportion est même beaucoup plus importante.

Si les primes augmentaient de 10 pour cent, le budget moyen des ménages s’en trouverait grevé d’une charge supplémentaire de 1 pour cent. De l’argent qui ferait défaut pour d’autres dépenses. Les ménages à bas et moyens revenus, qui doivent dépenser la quasi-totalité de leurs revenus et ne peuvent donc pratiquement rien mettre de côté, en seraient les principales victimes.

Reporté sur l’ensemble de l’économie, cela signifierait que, pour 2010, il faudrait s’attendre à ce que la seule charge représentée par la hausse des primes soit à l’origine d’une croissance de la consommation inférieure de 1 à 2 pour cent. Étant donné les conséquences négatives que cela aurait sur l’économie, les prévisions devraient d’autant plus être revues à la baisse.

Pour que cela n’ait pas lieu, il faut premièrement faire le maximum afin d’éviter ces hausses et, deuxièmement, que le Conseil fédéral propose des mesures qui empêchent que ces dernières ne mangent les revenus des ménages suisses ; ce qui est possible par exem­ple avec un fort relèvement des réductions des primes. Le président des États-Unis, Ba­rack Obama, a montré la voie à suivre ici en finançant l’assurance-maladie par une hausse des impôts pour les nantis. 

Responsable à l'USS

Reto Wyss

Secrétaire central

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