Quand les Gripen ont le vent en poupe, les étudiant(e)s s’enrhument

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Écrit par Véronique Polito

Encouragement de la formation, de la recherche et de l'innovation pendant les années 2013-2016

Le « frein aux dépenses » a bon dos quand il s’agit des budgets réservés à la formation, la recherche et l’innovation. Lors des débats aux Conseils des États de la session d’été, l’augmentation des budgets à la formation avaient été balayés sans exceptions. Les décisions avaient été prises à une majorité très serrée, avec une seule voix d’écart. La Commission de l’éducation, de la science et de la culture tente de rectifier le tir en proposant au Conseil national une augmentation de l’enveloppe budgétaire de 300 millions au total sur quatre ans.

Quand on parle d’argent, un petit détour par le Département fédéral des finances, garant de l’équilibre budgétaire, s’impose. Le rapport sur le budget 2013 est à ce titre des plus intéressants. À force de déclarations publiques intempestives, on pourrait être tenté de croire que l’armée est le parent pauvre de l’État, que les dépenses des assurances-sociales explosent et que la formation est un domaine d’avenir dans lequel la Confédération investit pour renforcer le place économique suisse. Une analyse du budget 2013 suffit à nous convaincre que la théorie s’éloigne de la pratique. En août 2012 déjà, la Confédération prévoyait d’augmenter le budget de l’armée de 3,4 % pour 2013, soit l’équivalent de ce qui était prévu pour la formation (3,5 %) et bien plus que la présumée « explosion » des coûts de la prévoyance sociale (2,7 %). Et ceci, avant même que le Parlement ne décide de relever généreusement le plafond du budget ordinaire de l’armée à 5 milliards pour permettre l’achat de nouveaux avions de combat.

Que pèsent 300 millions sur 4 ans pour la formation et la recherche — répartis entre les Hautes écoles spécialisées, les universités, les écoles polytechniques fédérales, le Fonds national suisse et la Commission pour la technologie et l’innovation — contre 3,1 milliards pour l’achat de 22 Gripen ? À en croire les décisions passées du Parlement, le frein à l’endettement est à géométrie variable : l’attrait exercé par les prestigieux avions de combat est à même de faire perdre toute notion de mathématique de base aux personnes même les plus respectables.

Les étudiant(e)s priés de passer à la caisse ?

À l’autre bout de la chaîne, d’autres n’ont pas le choix. Pour beaucoup d’étudiant(e)s, chaque franc compte. Un franc reste en effet un franc et la « multiplication des pains » une belle parabole. Pendant la pause estivale, les débats autour des Gripen remplissent les colonnes des journaux. Parallèlement, le nouveau recteur de l’EPFZ annonce son programme dans la NZZ pour renflouer ses caisses : un doublement des taxes d’études pour une « école d’élite » qui se mérite. Cela ramènerait le niveau des taxes de l’EPFZ à celui de l’Université de Saint-Gall, une école d’élite d’un autre genre.

Est-ce cela le système de formation dont la Suisse veut se doter ? Un système de formation au top, accessible essentiellement aux élites ? On s’entend bien : non pas les élites en termes de capacités intellectuelles, mais bien celles dont la capacité financière dépasse largement la moyenne. J’ose espérer que telle ne sera pas la volonté du législateur. Une initiative parlementaire déposée par Matthias Reynard (PS, VS), visant à plafonner les taxes d’études pour juguler enfin leur augmentation, s’avère à ce titre tout à fait judicieuse. Cette initiative, qui devrait être traitée durant la session cet automne mérite le soutien de toutes celles et ceux qui prônent un système de qualité, accessible à tous et toutes en fonction des aptitudes personnelles et non en fonction des origines sociales.

Responsable à l'USS

Nicole Cornu

Secrétaire centrale

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