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L’introduction des compléments de titre « Professional Bachelor » et « Professional Master » ne suffit pas. De vraies améliorations s’imposent

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Écrit par Nicole Cornu

Révision de la LFPr

Le 8 Settembre, le Conseil des États a approuvé à l’unanimité le paquet de mesures 25.046 visant à renforcer la formation professionnelle supérieure. L’Union syndicale suisse (USS) soutient le renforcement de cette filière, mais critique le fait qu’avec l’introduction des nouveaux compléments de titres « Professional Bachelor » et « Professional Master », le projet passe à côté des véritables problèmes.

Certaines mesures font consensus, comme la protection de l’appellation « école supérieure », l’introduction de l’anglais comme langue d’examen supplémentaire possible ou encore la flexibilisation des études postdiplômes ES (EPD ES). En revanche, le nouvel article 44a LFPr a suscité des débats controversés au Conseil des États.

Du marketing et du symbolisme à l’état pur

Attribuer le titre de « Professional Bachelor » aux brevets fédéraux / examens professionnels et aux diplômes ES, ainsi que celui de « Professional Master » aux diplômes fédéraux / examens professionnels supérieurs, revient à plaquer des titres simplifiés (deux compléments de titres pour trois types de diplômes sur quatre niveaux différents) sur le système de la formation professionnelle supérieure extrêmement hétérogène.

Cette volonté de simplification en deux niveaux, censée faciliter la communication, risque au contraire de semer la confusion et de susciter de fausses attentes, au lieu de renforcer la lisibilité, la transparence et la valeur des diplômes. Il n’est donc guère surprenant que l’ATS et la SRF aient parlé, le jour même, de la création de nouveaux « titres ». On peut craindre qu’il s’agisse là d’une prophétie autoréalisatrice.

Un manque de cohérence au niveau international

Ce particularisme suisse compromet également la comparabilité : en Allemagne, le « Bachelor professional » n’existe qu’au niveau 6 ; en Suisse, il devrait être attribué dès le niveau 5, pour les examens professionnels.

Certaines filières critiques, notamment dans le domaine de la santé, sont particulièrement menacées : dans les soins, les titulaires d’un brevet et d’un diplôme ES porteraient tous deux le même complément « Professional Bachelor » – alors que les niveaux de formation sont très différents et que les diplômes sont successifs (ils s’inscrivent dans une progression). Un paradoxe, dans la mesure où le monde politique cherchait à renforcer la distinction entre les profils des différentes filières de formation.

Revendications de l’USS : de vraies améliorations 

La formation professionnelle ne peut se contenter d’intitulés cosmétiques. Elle a besoin de réels progrès :

  • l’introduction coordonnée et l’utilisation harmonisée des nouveaux compléments de titre avec les deux pays pionniers que sont l’Allemagne et l’Autriche, ainsi qu’un échange d’expériences sur l’utilité et l’efficacité desdits compléments ;
  • la structuration claire et compatible au niveau international des diplômes suisses, y compris des nouveaux compléments de titre, dans le cadre national / européen des certifications pour les diplômes de la formation professionnelle (CNC / CEC) ;
  • une coopération renforcée entre la formation professionnelle et les hautes écoles, afin d’améliorer la coordination, de mieux définir les profils respectifs et de garantir la reconnaissance mutuelle des formations et la perméabilité entre les filières ;
  • un allègement financier pour les personnes engagées dans la formation professionnelle supérieure, y compris une participation des employeurs aux coûts de formation continue. Les frais de cours et d’études doivent être compétitifs par rapport aux hautes écoles spécialisées ;
  • des améliorations matérielles des conditions de formation et de travail dans la formation professionnelle de base et l’apprentissage (notamment davantage de vacances).

Le dossier est désormais entre les mains de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil national (CSEC-N). Il sera probablement inscrit à l’ordre du jour de la session d’hiver (du 1er au 19 décembre 2025) et le Conseil national le traitera en tant que second conseil.

Responsable à l'USS

Nicole Cornu

Secrétaire centrale

031 377 01 23

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Nicole Cornu
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