La formation professionnelle a plus que jamais besoin des HES

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Écrit par Véronique Polito, secrétaire centrale de l’USS

L’USS et la nouvelle loi sur l’encouragement et la coordination des hautes écoles

Dès 2015, les universités, les hautes écoles spécialisées (HES) et les hautes écoles pédagogiques (HEP) seront soumises à un seul et même cadre légal au niveau national. Les nouvelles dispositions cachent certains dangers, en particulier pour les HES. Dans un texte d’orientation, l’USS veut y répondre.

L’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’encouragement et la coordination des hautes écoles (LEHE) est prévue pour 2015. La Confédération sera nouvellement chargée, en collaboration avec les cantons, de coordonner la politique des hautes écoles dans son ensemble (universités, HES et HEP). De nouvelles instances communes, à savoir la Conférence suisse des hautes écoles (sous forme de Conseil des hautes écoles et de Conférence plénière), le Conseil d’accréditation et la Conférence des recteurs seront responsables de la coordination et du pilotage stratégique. Dans le domaine des HES, la Confédération perdra une grande partie de ses prérogatives, tandis que les écoles polytechniques resteront de son seul ressort.

Une petite révolution pour les HES

Le nouveau cadre législatif aura essentiellement des conséquences pour les HES. En effet, même si ces dernières ont réussi en moins de deux décennies à occuper une place de choix dans le paysage des hautes écoles, elles restent fragiles à bien des égards. Leur orientation pratique et leur lien direct à la formation professionnelle, explicitement voulus par le législateur au moment de leur création, se sont partiellement perdus avec le temps. Aujourd’hui, plus de la moitié des étudiant(e)s des HES proviennent de filières générales (en particulier gymnasiales) et non de la formation professionnelle. Par ailleurs, une grande partie du personnel scientifique recruté dans les HES a suivi la filière universitaire et n’a acquis qu’une modeste expérience du monde du travail.

Depuis leur création, les HES ont permis d’offrir à un nombre conséquent d’anciens apprenti(e)s la possibilité d’obtenir un diplôme de niveau académique. Cette évolution a permis de renforcer la perméabilité du système, de même que l’égalité des chances en matière de formation. Les HES ont ainsi contribué à maintenir le système de formation professionnelle attractif par rapport à la formation gymnasiale. Il s’agit là d’un acquis essentiel à défendre : c’est dans cette optique que l’USS s’engagera dans le processus de mise en œuvre de la nouvelle loi et dans les organes où les partenaires sociaux ont un droit de représentation.

Un profil clair pour chaque type de haute école

Classiquement, les universités ont pour mandat d’assurer un enseignement et une recherche orientés principalement sur la science. Elles se doivent d’honorer leur mission en toute indépendance, sans subir de pressions liées à des intérêts économiques. Par contraste, les HES ont reçu le mandat de garantir un enseignement et une recherche orientés sur la pratique, ainsi que de préparer les étudiant(e)s à exercer une profession dans l’économie privée ou le service public. Dans ce cas, la collaboration avec le monde du travail est considérée non pas comme un obstacle, mais au contraire comme une condition pour garantir la qualité de l’enseignement et de la recherche.

L’USS soutient cette répartition des tâches. Cela nécessite en particulier un contrôle plus strict des conditions d’admission dans les HES. Dans celles-ci, les titulaires d’une maturité professionnelle doivent avoir la priorité, en particulier dans les domaines techniques et économiques. Fait exception le domaine des arts, qui n’a pas de base dans la formation professionnelle. Dans tous les cas, les étudiant(e)s des HES devraient se prévaloir d’une expérience professionnelle préalable pertinente dans le domaine d’étude visé, en particulier les détenteurs d’une maturité gymnasiale. L’accréditation d’une institution devrait impérativement dépendre du respect de ces conditions.

Moins de pression sur le personnel

Le profil de chaque type d’école doit pouvoir se refléter également dans la qualification du personnel scientifique. Les professeur(e)s et chargé(e)s de cours des HES devraient bénéficier de plusieurs années d’expérience professionnelle dans leur domaine et, si possible, avoir effectué un apprentissage. Les HES devraient pratiquer également une politique du personnel plus sociale et plus durable. Cela signifie notamment davantage de contrats à durée indéterminée et l’abandon du système de mise au concours interne des tâches courantes, qui précarise toute une partie du personnel dont le statut se rapproche souvent de celui d’un(e) indépendant(e). Cela implique aussi que l’on réduise la pression à l’acquisition de nouveaux projets ou mandats externes. Pour ce faire, il serait impératif d’augmenter massivement le financement de base de la recherche, via le budget courant, afin de décharger le personnel scientifique du souci permanent de l’acquisition de fonds. Finalement, il faut offrir aux collaborateurs et collaboratrices du corps intermédiaire des perspectives de carrière claires et des possibilités de qualifications supplémentaires en cours d’emploi, en particulier dans le but de garantir la relève dont les HES ont urgemment besoin.

Ces objectifs ne peuvent être atteints que si tous les acteurs relevant des hautes écoles, en particulier le personnel scientifique (corps enseignant et corps intermédiaire), ont la possibilité de participer aux processus décisionnels qui les concernent, aux niveaux local et national. C’est à cette seule condition que les HES, riches de leur nouvelle autonomie, seront en mesure de se développer selon une logique d’utilité sociale et de durabilité.

<media 1048>Enjeux de la réforme des hautes écoles (.pdf)</media>

Responsable à l'USS

Nicole Cornu

Secrétaire centrale

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