Contre l’exclusion rampante de la musique hors de l’école obligatoire

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Écrit par Brigitte Scholl, présidente centrale de la Société suisse de pédagogie musicale

Votation du 23 septembre 2012 : arrêté fédéral sur la formation musicale

La formation musicale doit être accessible à tous les enfants, quelle que soit leur classe sociale et les revenus de leurs parents. Telle est, pour l’Union syndicale suisse (USS) la principale raison de dire oui à l’arrêté fédéral qui nous est proposé en votation. Une deuxième raison est qu’il y a lieu de combattre le démantèlement rampant de l’enseignement de la musique à l’école obligatoire.

L’« Arrêté fédéral sur la promotion de la formation musicale des jeunes », au sujet duquel nous nous prononcerons le 23 septembre, n’est pas un objet de luxe. Contreprojet à l’initiative populaire « jeunesse  « + musique », retirée entre temps, il reprend largement les demandes de celle-ci. C’est pourquoi les initiant(e)s le soutiennent.

La pénurie d’enseignant(e)s est toujours plus nette

En son temps, l’initiative a été lancée en raison de la situation inquiétante des écoles de musique. En effet, on assiste ici à démantèlement du service public, dont la population ne sait pratiquement rien. Depuis la suppression des « écoles normales » où les enseignant(e)s se formaient dans toutes les branches, les étudiant(e)s des Hautes écoles pédagogiques peuvent choisir divers « profils » et branches. À une époque où la société accorde beaucoup plus de valeur aux branches scientifiques (tests de performance, classement des écoles) que les branches qui n’entrent pas en ligne de compte pour sélectionner les étudiant(e), comme la musique et le dessin, nombre d’entre eux ne choisissent pas ces matières pour leur formation. Aujourd’hui déjà, nous constations une pénurie d’enseignant(e)s qualifiés en matière de formation musicale à l’école obligatoire. Imaginons ce qu’il adviendra lorsque les enseignant(e)s qui ont encore été formés comme généralistes prendront leur retraite. Cet enseignement sera alors prodigué par des personnes non formées, ou alors il disparaîtra.

Transmettre le sentiment d’appartenance à une même communauté

Les musicien(ne)s eux-mêmes (celles et ceux qui enseignent leur branche avec la plus grande motivation !) sont sceptiques : la réforme scolaire HARMOS ou le projet Lehrplan 21 (en Suisse alémanique et dans les parties alémaniques des cantons bilingues) sont-ils en mesure de résoudre les problèmes qui se posent ? Une raison suffisante pour changer de cap. Mais, d’un point de vue pédagogique aussi, il s’agit de changer de cap. Car les branches comme la musique ou le sport offrent d’importantes possibilités de faire des expériences de nature différente et permettent souvent, précisément aux enfants qui ont des problèmes scolaires, de sentir leur valeur confirmée. Faire ensemble de la musique favorise en outre fortement l’intégration : dans nos classes où se retrouvent plusieurs nationalités, il serait plus nécessaire que jamais de transmettre aux enfants le sentiment d’appartenir à un même groupe, à une même communauté, si la société de demain doit fonctionner normalement et empêcher une ghettoïsation de certaines cultures.

Pas de « barrière des revenus »

Cet arrêté fédéral concerne aussi les écoles de musique : ici, il serait question de faire en sorte que, dans tout le pays, les enfants provenant de milieux moins aisés aient la possibilité de suivre des cours de musique en dehors de l’école. Certaines communes ont mis en place des systèmes de bourses exemplaires (en fonction de la capacité contributive des parents). Ailleurs, c’est uniquement le porte-monnaie qui décide. Et le pur hasard décide ainsi vraiment souvent des expériences musicales auquel l’enfant a droit.

Un piano vit plus longtemps

Comme en cas d’acceptation par le peuple de l’arrêté fédéral, les principales mesures devront figurer dans la loi, il n’est pas possible à l’heure actuelle de chiffrer les coûts. Les initiant(e)s ne sont cependant pas des affabulateurs : repenser la formation dans les Hautes écoles pédagogiques ne va en effet pas coûter une fortune (il ne s’agit finalement que de veiller à ce qu’il y ait suffisamment de personnel formé). L’enseignement de la musique à l’école obligatoire est vraiment « bon marché » et ne nécessite pas des places de travail spéciales chères. Même un piano a une durée de vie plus longue qu’un ordinateur.

Ces dernières années, la pédagogie musicale a énormément évolué. Profitons-en !

Responsable à l'USS

Nicole Cornu

Secrétaire centrale

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