Dans la dernière édition de la revue La Vie économique, publiée par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), Nicole Cornu, Secrétaire centrale responsable de la politique de la formation et de la politique de la jeunesse à l’Union syndicale suisse (USS), analyse les causes des ruptures de contrat d’apprentissage et demande l’amélioration des conditions de formation dans la formation professionnelle initiale.
Environ un quart des contrats d’apprentissage en Suisse est résilié en cours de formation, souvent en raison d’un sentiment d’être débordé, d’un manque de soutien, d’une mauvaise ambiance de travail ou de harcèlement sexuel. Selon une étude récente de Workmed, près de 22 % des personnes en apprentissage envisagent d’interrompre leur formation. Sont particulièrement touchés les métiers dans lesquels les femmes sont fortement représentées, comme les soins ou la coiffure.
Les interruptions d’apprentissage ne sont donc pas des échecs individuels, mais le reflet de conditions de travail et de formation inadaptées. Dans les faits, 76 % des formatrices et formateurs ne disposent pas même du temps nécessaire pour assurer leur mission centrale, selon une étude de la Haute école fédérale en formation professionnelle (HEFP). Parallèlement, seuls 90 % des jeunes obtiennent un diplôme du degré secondaire II, ce qui signifie que, vingt ans après sa définition, l’objectif politique de 95 % n’est toujours pas atteint.
C’est pourquoi l’USS réclame :
- une amélioration de la qualité de la formation en entreprise selon des standard obligatoires ;
- davantage de temps et de reconnaissance des formatrices et formateurs grâce à des taux d’occupation minimaux et des formations continues ;
- un suivi efficace de l’apprentissage (définition de la charge maximale de travail, visites obligatoires en entreprise, contrôles inopinés et possibilités d’intervention), ainsi qu’un travail social en milieu scolaire au niveau national ;
- un droit institutionnalisé d’être consulté et davantage de vacances pour les apprenti-e-s (minimum de huit semaines).
Seul un apprentissage équitable et adapté aux jeunes permettra de réduire efficacement le taux de résiliation des contrats d’apprentissage et d’assurer ainsi la relève.
L’intégralité de la prise de position de Nicole Cornu dans La Vie économique est disponible ici.

