Brochure des Explications du Conseil fédéral

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Valoriser le travail des femmes au lieu d’instaurer une nouvelle obligation de servir

  • Égalité des sexes
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Écrit par Cyrielle Huguenot

NON à l’initiative sur le service citoyen le 30 novembre 2025

L’Union syndicale suisse (USS) rejette catégoriquement une nouvelle obligation généralisée de servir. L’initiative service citoyen touche principalement les femmes, qui effectuent déjà aujourd'hui la majorité du travail non rémunéré et doivent vivre avec des salaires plus bas. Une obligation de servir généralisée aggraverait encore ces inégalités, au détriment des femmes.  

Par ailleurs, les modalités de l’obligation de servir seraient élargies : à l’avenir, en plus de l’armée, du service civil et de la protection civile, d’autres formes d’engagement devraient être reconnues. Le texte de l’initiative reste cependant très vague à ce sujet. Le Conseil fédéral estime que des fonctions politiques, l’engagement dans les corps de sapeurs-pompiers volontaires ou encore les activités actuelles du service civil (soins, garde d’enfants, école, protection de la nature) pourraient également être reconnues comme service citoyen.  

Le nombre de personnes astreintes passerait de 35 000 à environ 70 000. Une grande partie d’entre elles devrait être affectée à des domaines dans lesquels ce sont aujourd’hui majoritairement des femmes qui exercent un travail qualifié et rémunéré, notamment dans les structures d’accueil des enfants et les établissements de soins. Si des dizaines de milliers de personnes astreintes au service citoyen devaient soudainement être engagées dans ces secteurs, la qualité des prestations dans ces secteurs baisserait, car elles seraient fournies de manière moins professionnelle. En parallèle, la pression sur les salaires et les postes de travail augmenterait, par exemple dans les établissements médico-sociaux.  

Les domaines de la santé et du social sont aujourd’hui confrontés à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Et sans les femmes, ils ne fonctionneraient pas. Les salaires modestes et la lourde charge de travail ont pour conséquence un taux de rotation du personnel élevé. Le taux de rotation s’aggraverait encore avec l’arrivée massive de personnes non qualifiées devant effectuer un service citoyen. Et il est à craindre qu’une partie du personnel qualifié régulier finisse par être remplacée par une main-d’œuvre non qualifiée, volatile et bon marché.

Au lieu d’investir des fonds publics pour former davantage de professionnel-le-s et améliorer les conditions de travail pour attirer du personnel qualifié en suffisance, l’initiative mènerait à retirer des femmes qualifiées et expérimentées de leurs postes clés pour leur demander d’effectuer un service citoyen ailleurs, où elles seraient à peine défrayées. Le comble serait que des femmes doivent s’absenter de leur travail rémunéré et essentiel dans les soins et l’accueil des enfants pour fournir un service citoyen non rémunéré dans ces mêmes secteurs !  

La solidarité, l’engagement pour la collectivité et le bénévolat en faveur de meilleures conditions de vie font partie des valeurs fondamentales du mouvement syndical. Il est important d’améliorer les conditions-cadres de ces engagements, mais l’instauration d’un service obligatoire généralisé n’est pas la bonne approche. En assumant une part nettement plus importante du travail non rémunéré pour l’éducation des enfants ou l’accompagnement de personnes malades en dehors de leur activité professionnelle, les femmes effectuent déjà tous les jours un service citoyen ! Il n’est pas question de leur demander de faire un effort supplémentaire pour la collectivité sans salaire décent. Outre une revalorisation des salaires dans les métiers majoritairement occupés par des femmes, il serait beaucoup plus pertinent de réduire les journées de travail pour permettre une meilleure répartition du travail non rémunéré entre les hommes et les femmes et une meilleure conciliation avec un engagement bénévole. Sans oublier de renforcer la protection contre le licenciement des personnes qui s’engagent pour les autres.  

Pour conclure : l'initiative Service citoyen impose aux femmes encore plus de travail sous-payé et détériore les conditions de travail dans les professions dites féminines. C'est vraiment la dernière chose dont nous avons besoin ! 

Responsable à l'USS

Cyrielle Huguenot

Secrétaire centrale

031 377 01 12

cyrielle.huguenot(at)sgb.ch
Cyrielle Huguenot
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