Non à la suppression de la solution des délais

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Écrit par Christina Werder, secrétaire centrale de l’USS/fq

Votation fédérale du 9 février 2014

L’initiative populaire « Financer l’avortement est une affaire privée – Alléger l’assurance-maladie en radiant les coûts de l’interruption de grossesse de l’assurance de base », sur laquelle nous nous prononcerons le 9 février, a été lancée parce que ses auteurs, sachant très bien qu’ils n’ont aucune chance d’interdire les avortements comme par le passé, ont choisi d’avancer masqués : d’une manière ou d’une autre, ils veulent punir, ne serait-ce qu’au niveau financier.

La lutte pour la solution des délais a duré 30 ans. Elle fut âpre. Ce n’est qu’en 2002 que la solution des délais fut introduite. Elle autorise une interruption de grossesse durant les 12 premières semaines qui suivent les dernières règles. Cette solution a fait ses preuves. De fait, le nombre d’avortements a diminué depuis lors en Suisse.

Les coûts d’un avortement sont pris en charge par l’assurance obligatoire de soins. C’est précisément là la disposition que les initiant(e)s veulent supprimer. Sachant bien qu’un retour dans le passé, quand l’avortement était encore punissable, n’a aucune chance aujourd’hui, ils font semblant de s’attaquer à l’aspect financier et demandent que les coûts des avortements soient assumés par les personnes qui se font avorter. C’est hypocrite et en défaveur des femmes. L’argumentation de l’« affaire privée » a en outre un effet boule de neige dangereux. Si l’avortement est une affaire privée, il doit être payé par les personnes concernées. Il n’y a alors plus qu’un pas jusqu’à l’effacement de toute solidarité dans l’assurance-maladie. La personne qui doit se faire soigner en raison de sa consommation d’alcool – une « affaire privée » – devra aussi payer de sa poche ! Quiconque se fait soigner pour un ulcère dû au stress – une « affaire privée » – devra aussi payer de sa poche ! Et celle ou celui qui a des problèmes de genou à cause d’une pratique du sport trop poussée – une « affaire privée » – devra aussi payer de sa poche ! Et liste pourrait s’allonger… Finalement, comme plus de la moitié des traitements médicaux ont des causes privées, ils devront être payés par les personnes concernées.

Le fait est que les coûts des interruptions de grossesse représentent moins de 0,03 % des coûts de la santé. L’époque des faiseuses et faiseurs d’anges est révolue. Tant mieux ! Pas question de leur redonner une chance avec les couches les plus pauvres de la population !

Parlons enfin des initiant(e)s. Ils sont constamment présents avec des initiatives populaires du même calibre. En novembre 2013, les mêmes milieux ont échoué avec leur initiative sur la famille. Un mois plus tard, ils ont fait aboutir leur initiative populaire sur les cours d’éducation sexuelle « Protection contre la sexualisation à l’école maternelle et à l’école primaire ». Et récemment, ils ont lancé une nouvelle initiative contre l’avortement. Un non clair s’impose donc en février prochain, ne serait-ce que pour ne pas avoir à voter chaque année sur le même sujet.

En résumé, ce non clair à « Financer l’avortement est une affaire privée » s’impose parce que l’interdiction de l’interruption de grossesse n’est pas applicable et que le but minimum visé par les initiant(e)s est de punir financièrement les femmes.

Plus d'informations sur: www.non-attaque-regime-delai.ch

Responsable à l'USS

Julia Maisenbacher

Secrétaire centrale

031 377 01 12

julia.maisenbacher(at)sgb.ch
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