Le dernier rapport du Conseil fédéral sur les causes de l’écart salarial entre les hommes et les femmes révèle l’ampleur de la pénalité salariale liée à la maternité en Suisse. Le mariage et la maternité freinent fortement la progression des salaires des femmes et creusent durablement l’écart salarial avec les hommes. L’USS réclame des mesures pour favoriser la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale et des contrôles dans les entreprises pour débusquer la discrimination salariale directe.
Sur la base des données de l’enquête suisse sur la structure des salaires (ESS) 2022 et en réponse au Postulat Dobler (22.4500), le Conseil fédéral a récemment présenté un rapport analysant en détail les différences de salaires entre les femmes et les hommes. Plusieurs constats émergent de ce rapport :
- Le salaire des femmes est généralement inférieur à celui des hommes, quelles que soient les caractéristiques explicatives considérées
- Parmi les facteurs qui expliquent l’écart salarial médian entre les femmes et les hommes, l’état civil et la parentalité jouent un rôle prépondérant. Les femmes mariées gagnent en moyenne nettement moins que les hommes mariés et le manque à gagner se creuse encore davantage chez les femmes qui ont des enfants. Le salaire médian des femmes mariées avec enfant(s) est inférieur de 21% à celui des hommes dans la même situation. En comparaison, l’écart salarial entre les hommes et les femmes célibataires sans enfant(s) est de 1,9%.
- Avec l’âge, l’écart salarial augmente, en particulier pour les personnes mariées: le niveau de salaire des femmes mariées stagne, tandis que celui des hommes mariés continue d’augmenter.
- Plus les positions professionnelles sont élevées, plus l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes s’accroît.
- L’âge et l’état civil sont les facteurs où les différences salariales inexpliquées sont les plus marquées. A caractéristiques observables comparables, parmi les personnes de plus de 50 ans, les femmes gagnent en moyenne 8,5% de moins que les hommes. Et parmi les personnes mariées, l’écart salarial non expliqué se monte même à 8,8%. En comparaison, l’écart salarial non expliqué atteint 2,8% chez les célibataires.
Ces chiffres mettent en lumière l’ampleur de la pénalité salariale liée à la maternité en Suisse. L’USS salue l’intégration de ces nouveaux indicateurs dans le monitoring de l’écart salarial à l’avenir. Il est particulièrement important de continuer à documenter la pénalité salariale liée à la maternité. Le rapport du Conseil fédéral interpelle sur les éléments structurels qui la favorise, notamment la répartition inégale du travail non rémunéré qui repose encore essentiellement sur les femmes (tâches domestiques et pour s’occuper des enfants), les possibilités restreintes et coûteuses d’accueil extrafamilial des enfants et les conditions de travail incompatibles avec les obligations familiales.
L’USS demande des investissements publics beaucoup plus importants dans l’accueil extrafamilial des enfants. Il est également impératif d’augmenter les salaires dans les professions majoritairement exercées par les femmes. Même avec un CFC en poche, quatre femmes sur dix gagnent moins de 5000 francs par mois, et une sur quatre doit même se contenter d’un salaire de moins de 4500 francs. Pour l’USS, des salaires d’au moins 5000 francs après l’apprentissage et d’au moins 4500 francs pour tout le monde doivent devenir la norme. C’est dans des secteurs comme la prise en charge d’enfants, les soins aux personnes âgées ou le commerce de détail qu’une telle revalorisation est la plus urgente.
En outre, l’ampleur des différences salariales inexpliquées, particulièrement parmi les personnes mariées et de plus de 50 ans, doit conduire les autorités à instaurer des contrôles et des sanctions du respect de l’égalité salariale au sein des entreprises. La Loi sur l’égalité doit être renforcée dans ce sens.