Les données de l'enquête suisse sur la population active (ESPA) publiées aujourd'hui par l'Office fédéral de la statistique (OFS) montrent que les femmes continuent de consacrer 60 % de leur temps de travail total à des heures de travail non rémunérées. Conséquences pour elles : elles gagnent moins et s'exposent à un risque de pauvreté accru avec des rentes plus faibles une fois à la retraite.
En 2024, les femmes ont consacré plus d'heures par semaine à du travail rémunéré et non rémunéré que les hommes : 54,3 heures pour ceux-ci et 57,2 heures pour elles. Elles assument toutefois une part nettement plus importante du travail non rémunéré. En moyenne, elles consacrent 61 % de leur temps de travail à du travail non rémunéré, la part de ce dernier chez les hommes n’étant que de 42 %.
Des conséquences négatives pour les femmes ayant des enfants
Cette répartition inégale est particulièrement marquée dans les couples qui ont des enfants en bas âge. Au sein des couples qui ont au moins un enfant de moins de 7 ans, les femmes consacrent en moyenne 63,1 heures aux tâches domestiques et familiales, contre 39,8 heures pour les pères. Les femmes investissent donc plus des trois quarts de leurs heures de travail dans des tâches non rémunérées, alors que pour les hommes, celles-ci représentent la moitié de leur temps de travail hebdomadaire total.
Les dernières données de l'ESPA confirment ainsi les résultats d'autres études : à l'arrivée d'un enfant, beaucoup de femmes réduisent leur activité professionnelle pour se charger de la plus grande partie des tâches domestiques et familiales. Cette répartition des tâches pèse non seulement sur le revenu, mais aussi sur les perspectives de carrière des femmes. La difficulté de concilier vie professionnelle et vie familiale avec des enfants en bas âge, qui résulte également de l'insuffisance et du coût excessif des places d'accueil des enfants et d'horaires de travail peu favorables à la famille, conduit les jeunes mères à sortir du marché du travail ou à réduire considérablement leur taux d'activité.
Même si les hommes consacrent de plus en plus de temps à du travail non rémunéré à la maison et pour la famille au fil des années, la répartition inégale du temps de travail au sein des couples reste un important défi pour les femmes. À long terme, cela impacte leur progression professionnelle, renforce les différences de revenus entre hommes et femmes et expose ces dernières à un risque accru de pauvreté, avec de faibles rentes une fois à la retraite.
Une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale est nécessaire
Le travail non rémunéré (de care, soit de soins et d’assistance) est un pilier important de la société et de l'économie. L'USS demande des mesures efficaces pour favoriser sa répartition plus équitable entre les sexes. À cet effet, nous demandons une meilleure prévisibilité des horaires de travail et des plannings communiqués longtemps à l’avance, afin de mieux pouvoir concilier vie professionnelle et vie privée. À l'avenir, il n'y aura pas d'autre solution que de développer l'accueil des enfants en tant que service public. L'État doit veiller à ce qu'il y ait suffisamment de places de crèche et de services d'accueil extrafamilial dans tout le pays.

