Famille-profession : pour en finir avec un casse-tête quotidien !

  • Égalité des sexes
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Écrit par Rita Torcasso

Le principal thème du 11e Congrès des femmes de l’Union syndicale suisse, auquel 200 congressistes et hôtes participèrent, était celui de la conciliation entre travail familial et travail professionnel. De quoi, notamment, en faire un manifeste (voir encadré).

L’obstacle du travail à temps partiel

Pour Christina Klenner, de l’Institut des sciences économiques et sociales de la Fondation Hans Böckler, « Le défi à relever aujourd’hui est celui d’imposer des « modèles de temps de travail adaptés aux genres » et accordant, tant aux femmes qu’aux hommes, suffisamment de temps pour la famille et la dispensation de soins à des proches ». Christina Klenner souligne que l’extension massive du travail à temps partiel entraîne une diminution de l’intérêt politique pour des réductions générales du temps de travail. Le « marché du travail parallèle », avec ses contrats fixant, pour du travail à temps partiel, des conditions individualisées et flexibilisées est un piège pour les femmes, car il les prive de toute maîtrise du temps et ne leur garantit pas une vie décente. Le partage des activités professionnelles et familiales dépend fortement de la durée hebdomadaire totale du travail et de la prévisibilité des horaires, ajoute Christina Klenner, qui propose, pour modèle d’avenir possible, celui que le syndicat Verdi a pu négocier : chaque parent reçoit un crédit-temps, qu’il peut utiliser pendant la phase familiale de sa vie. En résumé : un nouveau partage de tout le travail – rémunéré et non rémunéré – suppose un droit à recevoir de l’assistance et à en fournir, a conclu Chstitina Klenner.

Réduire le temps de travail pour augmenter le temps social

Christiane Marty, conseillère auprès d’ATTAC France a expliqué, à partir de l’exemple français de la semaine de 35 heures, les incidences des réductions du temps de travail (RTT) sur la conciliation entre travail professionnel et travail familial. Selon elle, la semaine de 35 heures a certes eu des effets favorables à une telle conciliation, ainsi qu’une incidence égalitaire (plus de temps social, améliorations au plan salarial), mais la situation n’en est pas pour autant devenue optimale en France à cet égard. En effet, cette RTT a accru la pression au travail et fait exploser le nombre d’heures supplémentaires. Christiane Marty demande aux syndicats qu’ils s’engagent plus pour la redistribution des gains de productivité que pour des RTT. Il n’y a pas d’autres choix, estime-t-elle, car l’égalité des sexes est le seul moyen de garantir des conditions de vie qui soient dignes.

Des incitations pour un nouveau partage

Autre thème central de ce congrès : les améliorations à apporter à la législation pour favoriser un meilleur partage du travail non rémunéré (congé de paternité,…). La conseillère nationale Jacqueline Fehr a présenté un modèle de congé parental de 12 mois payés à 80 pour cent (avec plafonnement), réparti en trois tiers : un pour la mère, un pour le père, le dernier restant libre. Le coût ? 3 milliards de francs. À partir de l’exemple du modèle allemand (« Elternzeit »), Claudia Menne, de la Confédération syndicale allemande DGB, a montré l’importance que revêt l’aménagement de ce temps parental. Comme, en Allemagne, l’argent versé aux parents ne représente que 67 pour cent du revenu, 60 pour cent des femmes touchent moins de 500 euros par mois et la moitié des femmes ne retrouvent plus leur emploi malgré la garantie existante. Pour les États de l’Union européenne, un accord-cadre des partenaires sociaux a été négocié. Il prévoit au moins quatre semaines de temps parental pour les pères et les mères.

50 ans de participation des femmes

Les discussions menées dans les quatre ateliers ont constamment fait apparaître que la flexibilisation du temps de travail a fortement aggravé le casse-tête quotidien imposé aux  mères. Les horaires atypiques et le travail sur appel ont beaucoup augmenté. Et on voit déjà que la crise économique accentue la pression subie par les femmes. Une résolution adoptée par les congressistes dénonce un scandale : pour la première fois depuis l’introduction de la loi sur l’égalité, la différence entre salaires féminins et salaires masculins s’est remise à se creuser. Les entreprises doivent immédiatement contrôler et, si nécessaire, adapter leurs salaires aux normes de l’égalité, a-t-il aussi été demandé.

En marge de ce congrès, la Commission féminine de l’USS a fêté ses 50 ans d’existence. Une rétrospective retraçant les moments forts de cette histoire montre que les femmes des syndicats ont toujours réussi à faire passer d’importantes revendications sociales. 

Un manifeste en six points : l’essentiel

Horaires et travail précaire

 

  • L’USS s’engage pour une réduction générale du temps de travail et développe des horaires permettant de concilier famille et emploi
  • Examen d’une loi sur le travail à temps partiel et interdiction du travail sur appel

Travail non rémunéré

 

  • Reconnaissance dans les CCT et prise en compte lors de la fixation des conditions de travail des activités non rémunérées nécessaires (travail familial, soins aux proches…)
  • Prise en compte du travail non rémunéré dans les assurances sociales

Réglementations légales

 

  • Prolongation à 18 semaines du congé de maternité + congé de paternité de 8 semaines
  • Garantie légale du même emploi après le congé de maternité
  • Droit à une réduction (temporaire) du temps de travail pour les enfants et les proches ayant besoin de soins + droit à des brèves absences et à un congé payé pour des soins
  • L’USS développe un modèle de congé parental (participation obligatoire des pères)

Accueil des enfants et soins

 

  • Inscrire dans les lois cantonales un droit à un accueil extrafamilial des enfants
  • Gratuité de l’accueil extrafamilial des enfants + 1 % du PIB pour son développement

 

Meilleures conditions de travail pour les professionnel(e)s s’occupant de l’accueil des enfants et la dispensation de soins et revalorisation des investissements d’infrastructure.

 

Responsable à l'USS

Julia Maisenbacher

Secrétaire centrale

031 377 01 12

julia.maisenbacher(at)sgb.ch
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