Égalité des salaires entre femmes et hommes : l’heure du tournant ?

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Écrit par Christina Werder

2015 sera une année importante

Les discriminations salariales entre femmes et hommes ont repris leur progression dans un passé très récent. En 2015, il faudra remettre les pendules à l'heure. Cette année pourrait en effet préparer la voie à l'égalité salariale. L'Union syndicale suisse (USS) veut de toute façon y contribuer.

Depuis l'introduction de la loi sur l'égalité, la différence de salaires entre hommes et femmes a légèrement diminué ; cela, jusqu'en 2010. Mais depuis cette date, plus précisément entre 2010 et 2012, elle s'est remise à augmenter, pour passer à 18,9 %. Chaque année, les femmes perdent environ 7,7 milliards de francs, soit 700 francs par mois. Une perte qu'elles paient une seconde fois lorsqu'elles sont à la retraite avec des plus petites rentes. Pour l'USS, il est donc clair qu'il faut une bonne fois prendre des mesures légales efficaces et notamment créer une autorité tripartite habilitée à faire des contrôles dans les entreprises et, en cas d'inégalité constatée, à ordonner des mesures pour y remédier.

Le Conseil fédéral veut agir

Le 22 octobre dernier, le Conseil fédéral a fait un pas dans cette direction. Il entend obliger les employeurs qui occupent 55 personnes ou plus à procéder à intervalles réguliers à une analyse des salaires qu'ils versent, analyses dont l'exécution devra être contrôlée par des tiers. Les employeurs devront pouvoir confier ces contrôles, au choix, aux partenaires sociaux, à un organe de révision ou à une organisation reconnue par l'État et le résultat sera mentionné dans le rapport annuel. Mais les employeurs ne seront pas tenus de publier l'ampleur de l'éventuel écart salarial entre hommes et femmes. Et si, en cas de discriminations constatées, ils ne font rien pour les éliminer, les employé(e)s pourront, comme c'est le cas aujourd'hui, réclamer l'égalité salariale devant les tribunaux. Un projet qui sera soumis à consultation sera élaboré jusqu'à la mi-2015.

La bonne direction

Ces propositions vont dans la bonne direction, mais ne sont pas suffisantes. On a besoin en plus d'une autorité tripartite dotée de compétences en matière d'investigation et d'intervention. C'est la seule manière d'enlever aux femmes concernées la responsabilité de faire imposer individuellement l'égalité salariale, d'ailleurs prévue dans la Constitution fédérale, et de la transférer à une instance publique. C'est de toute urgence nécessaire. Car la qualité pour recourir constitue un obstacle très élevé pour les femmes.

Mobilisons !

Ne nous faisons pas d'illusions : l'égalité des salaires ne va pas avancer toute seule uniquement pour des raisons de justice. Même le pas timoré que vient de faire le Conseil fédéral suscite déjà des oppositions. Si l'on veut que les choses bougent, il faut que les femmes agissent publiquement. Conscientes de notre force, nous devons faire comprendre que nous ne continuerons plus à avaler des années durant ces discriminations. L'USS, active au sein d'une vaste alliance, mobilise à cet effet : le 7 mars 2015, tout le monde à Berne ! Nous devons montrer, à travers une manif puissante, que nous, les femmes, sommes à bout de patience. Nous voulons l'égalité salariale illico presto ! Lors de cette manif, l'USS se dressera aussi contre le relèvement de l'âge de la retraite des femmes. Et elle organisera aussi une journée sur l'égalité des salaires entre femmes et hommes qui se tiendra le 12 juin 2015. Mettons-nous au travail et, le 7 mars, tout le monde à Berne !

En ce qui concerne l'égalité des salaires, 2015 sera une année prometteuse.

Responsable à l'USS

Julia Maisenbacher

Secrétaire centrale

031 377 01 12

julia.maisenbacher(at)sgb.ch
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