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Sculptures de Crackingart à Locarno

 

Des mesures plus ambitieuses sont nécessaires pour combattre la discrimination salariale

  • Égalité des sexes
Communiqués de presse

Analyse de l'écart salarial entre femmes et hommes : rapport final de l'OFS

La différence de salaire entre les femmes et les hommes s’est encore creusée ces dernières années : elle atteint désormais 19 %, dont quasiment la moitié relève de la discrimination pure et simple. C’est le constat affligeant que l’on peut lire dans une analyse de l’augmentation de l’écart salarial pour les femmes effectuée par l’Office fédéral de la statistique (OFS) et publiée récemment. Pour lutter fermement contre ce phénomène, l’Union syndicale suisse (USS) exige la mise en œuvre systématique et déterminée – dans le cadre du partenariat social – de la révision de la loi sur l’égalité (LEg). D’autres mesures sont impératives et tout aussi importantes : de meilleurs salaires dans les branches dites féminines, une répartition équitable entre les mères et les pères du travail familial non rémunéré ainsi qu’un nombre suffisant de structures d’accueil financées par l’État, telles que les crèches et l’accueil extrascolaire.

Le dernier rapport de l’OFS sur l’écart salarial entre les femmes et les hommes atteste noir sur blanc que celui-ci a augmenté entre 2014 et 2018 : bien que les femmes aient progressé dans la formation et même dépassé les hommes, cela ne se traduit pas par de meilleurs salaires. Au contraire, les femmes gagnent 19 % de moins que les hommes. Cette différence s’explique notamment par le fait que les femmes sont massivement surreprésentées dans les emplois aux salaires nets inférieurs à 5000 francs. Les primes et versements exceptionnels jouent également un rôle important : ils sont nettement plus élevés pour les hommes que pour les femmes (415 contre 155 francs) si l’on prend la moyenne sur l’ensemble de l’économie.

La pandémie actuelle a très clairement montré que les salaires versés aux femmes, majoritaires dans les emplois de nettoyage, du commerce de détail, des professions de santé ou de la garde d’enfants ne rendent pas justice à l’énorme responsabilité et à la charge que représente ce travail. Il est donc urgent de procéder à une revalorisation monétaire de ces professions.

Même si une partie de l’écart salarial peut s’expliquer par des différences dans les choix professionnels, la formation et le déroulement de la vie professionnelle, ces facteurs ne déterminent que la moitié, à peine, de l’écart salarial. Selon les auteur-e-s du rapport, certains facteurs non étudiés, comme le travail à temps partiel, pourraient expliquer en partie la différence salariale « inexpliquée ». Mais l’USS estime tout de même qu’une grande partie de ces 8 % est due à de la discrimination. Le fait que l’écart salarial inexpliqué pour les employées à temps plein est encore plus élevé (9 %) que pour les employées à temps partiel (environ 7 %) confirme cette estimation. Cela signifie que même une charge de travail à temps plein ne protège donc pas les femmes d’un écart salarial.

Il faut maintenant des mesures efficaces pour combattre cette discrimination salariale, des dispositions qui vont plus loin que celles prévues dans la révision de la loi sur l’égalité. Le 13 juin, la population du canton du Jura a prouvé que de telles mesures peuvent obtenir un soutien majoritaire : elle a en effet adopté – avec 88 % de OUI ! – des dispositions plus ambitieuses contre la discrimination salariale.

Le rapport de l’OFS souligne aussi les phénomènes bien connus que sont la « pénalité de maternité » et la « prime de paternité » : ainsi, les différences salariales expliquées et inexpliquées sont plus importantes entre les femmes et les hommes mariés qu’entre célibataires. Lorsque les femmes deviennent mères, l’évolution de leur salaire tend à s’aplatir, tandis que la paternité entraîne en général plutôt une hausse du revenu. C’est d’une part lié au fait que les femmes (doivent) mettent souvent de côté leurs aspirations en matière de carrière et de revenus au profit du travail familial non rémunéré. D’autre part, les stéréotypes sociaux jouent également un rôle important : on présuppose que les femmes mariées sont moins flexibles et moins axées sur la performance, tandis que les hommes mariés sont toujours considérés comme les soutiens de famille.

Afin de se détacher vraiment de cette répartition traditionnelle des rôles et de permettre aussi aux mères d’être économiquement indépendantes, il est urgent de mettre en place des conditions-cadres permettant une répartition plus équitable du travail familial non rémunéré entre les femmes et les hommes. Il faut aussi des structures publiques à l’échelle nationale, telles que des crèches, des écoles de jour et des places de soins ambulatoires et stationnaires pour les adultes nécessitant soins et assistance.

Responsable à l'USS

Julia Maisenbacher

Secrétaire centrale

031 377 01 12

julia.maisenbacher(at)sgb.ch
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