Des économies qui chasseront les femmes hors du monde du travail

  • Égalité des sexes
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Écrit par Regula Bühlmann, secrétaire centrale de l’USS/fq

Troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE III)

Un oui à la RIE III entraînerait des pertes fiscales d'au moins 3 milliards de francs par année. Les riches actionnaires en profiteraient et l'addition reviendrait pour la population suisse. Les femmes seraient tout particulièrement touchées.

Aujourd'hui déjà, les pouvoirs publics appliquent ou ont appliqué des mesures d'austérité. Acceptée, la RIE III aggraverait fortement la situation. Lorsque les pouvoirs publics économisent, les femmes sont tout particulièrement touchées. D'abord en tant que salariées du secteur des services : dans le domaine de la santé, leur part est de 72 %. Dans la scolarité obligatoire, presque 74 % du corps enseignant sont des femmes. Et dans les structures d'accueils des enfants, elles représentent même 92 % du personnel. Si elle était acceptée, la RIE III forcerait les communes et les cantons à prendre des mesures de démantèlement qui auraient des conséquences sévères pour la formation, les institutions de la formation et le secteur de la santé. Contrairement à ce que promettent les partisans de la RIE III, à savoir que les emplois seraient maintenus, des suppressions d'emplois auraient lieu dans les services publics. Et celles et ceux qui ne perdraient pas le leur se trouveraient confrontés à une dégradation de leurs conditions de travail, soit plus de stress, une pression temporelle accrue, davantage de travail sur appel, et cela, peut-être même pour un salaire inférieur. Les professions de l'aide et de l'assistance à des tiers deviendraient toujours moins attrayantes, un signal erroné à une époque où il y a pénurie de personnel qualifié.

Les mères, particulièrement concernées

La RIE II aurait des conséquences catastrophiques, non seulement pour les employé(e)s des services publics, mais aussi pour celles et ceux qui en ont besoin. Mais là aussi, les femmes seraient particulièrement concernées à cause de la répartition inégale du travail familial entre elles et les hommes. Par exemple, comme les mesures d'austérité entraînent, dans les structures publiques d'accueil des enfants, une diminution des heures d'ouverture et une moins bonne couverture des vacances, de nombreuses femmes seraient probablement poussées à sortir du monde du travail ; cela, surtout si, à cause de la hausse de leur participation financière décidée par les pouvoirs publics, de nombreux parents ne pourraient plus se permettre de placer leurs enfants dans une crèche ou ne le voudraient plus. Si les enfants étaient par exemple encadrés par moins d'adultes, mais plus de stagiaires au lieu d'un personnel qualifié, la qualité baisserait, et la confiance placée dans ces institutions s'en trouverait sapée.

Vacances supplémentaires imposées aux enfants : et qui s'en occupe pendant ce temps ?

Des problèmes similaires sont à craindre en ce qui concerne la formation scolaire et la prise en charge des enfants. Des classes plus grandes, cela signifie aussi que les élèves ont davantage besoin de l'aide de leurs parents. Or toutes les familles n'en sont pas capables. L'égalité des chances entre tous les enfants se trouverait encore plus remise en question. Les mesures comme des vacances imposées, ainsi que c'est le cas dans le canton de Lucerne, ne feraient pas uniquement baisser les salaires des enseignant(e)s, mais provoqueraient aussi des goulots d'étranglement dans la prise en charge des enfants par leurs parents. Que les pouvoirs publics puissent, en cas d'acceptation de la RIE III, proposer une prise en charge payante de ces vacances est chose douteuse.

Davantage de soins fournis par le secteur privé : et qui s'occupera alors des malades ?

Les mesures d'austérité dans la santé sont particulièrement catastrophiques. L'acceptation de la RIE III présente le risque d'une médecine à deux vitesses, selon laquelle seules les personnes disposant de moyens financiers suffisants auraient désormais droit à des soins optimaux. Vu l'actuelle répartition des ressources entre femmes et hommes, il s'agit plus de ceux-ci que de celles-là. Une grande partie des soins et des prises en charge de personnes malades et âgées serait renvoyée au secteur privé, plus cher. Traditionnellement, ce sont les femmes qui interviennent alors dans cette nouvelle situation, au détriment de leur propre sécurité financière. Cela signifierait un renforcement de la pauvreté des femmes âgées. Pour empêcher les conséquences néfastes et antisociales de la RIE III, il faut voter NON le 12 février. Pour la société et pour les femmes.

Responsable à l'USS

Julia Maisenbacher

Secrétaire centrale

031 377 01 12

julia.maisenbacher(at)sgb.ch
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