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Comment les patrons enjolivent les bas salaires des femmes

  • Égalité des sexes
Communiqués de presse

Une étude mandatée par le patronat confirme une discrimination salariale de 3,3 %

Les chiffres de l’Enquête suisse sur la structure des salaires sont clairs : les femmes ont toujours environ 43 % de moins de revenu que les hommes. Et à la retraite, elles touchent un tiers de moins de rente. Même une étude de l’Université de Saint-Gall, mandatée par l’Union patronale suisse (UPS) et reposant sur l’auto-déclaration, confirme une discrimination salariale de 3,3 %. Pour un salaire médian, cela représente 2500 francs par année.

Manque de représentativité

Contrairement aux chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS), l’étude commandée et présentée par l’Union patronale ne dépeint qu’une très petite partie de la réalité, puisqu’elle ne couvre qu’environ 10 % des entreprises ayant effectué une analyse de l’égalité salariale. Elle n’est donc en aucun cas représentative et n’a qu’une signification très limitée pour l’économie suisse. L’étude se base sur les déclarations des entreprises. On peut donc supposer qu’elle couvre surtout des entreprises qui estiment qu’elles n’ont rien à cacher en matière de discrimination salariale.

Besoin d’une nouvelle révision de la LEG, plus efficace

Après la dernière révision de la loi sur l’égalité (LEg), l’USS avait déjà signalé que la LEg révisée et les analyses salariales qui en découlent ne couvrent qu’une trop petite part des entreprises. Les discriminations dans les entreprises de moins de 100 employé-e-s ne sont pas recensées. Par conséquent, les analyses salariales ne sont effectuées que dans une fraction des entreprises. De plus, le seuil de tolérance statistique des analyses salariales est très élevé dans la LEg révisée. Il y a donc une forte probabilité que de nombreuses discriminations ne puissent pas être détectées.

Conditions-cadre structurelles : un point décisif

Les analyses salariales dans les entreprises sont importantes. Mais pour faire vraiment progresser l’égalité dans le monde du travail, il faut s’attaquer aux causes structurelles des inégalités salariales. Il est donc primordial de revaloriser les salaires dans les secteurs à faible rémunération, où les femmes sont souvent surreprésentées, comme par exemple dans l’accueil des enfants, les soins, le nettoyage ou le commerce de détail. Il faut également des investissements publics suffisants pour assurer un accueil extrafamilial des enfants qui soit abordable dans tout le pays ainsi que des horaires de travail planifiables et favorables aux familles, afin de créer les conditions nécessaires pour que les femmes puissent participer à la vie professionnelle sur un pied d’égalité.

Tolérance zéro envers la discrimination

Le fait que la collecte de données de l’étude commandée par l’UPS révèle une discrimination salariale de 3,3 %, alors que très peu d’entreprises ont été examinées et que la majorité d’entre elles sont convaincues de ne pas pratiquer de discrimination, est en soi déjà un scandale. L’USS exige la tolérance zéro en matière de discrimination salariale, l’extension de la loi sur l’égalité aux entreprises de moins de 100 employé-e-s, la suppression du seuil de tolérance et des sanctions efficaces pour empêcher la discrimination.

Depuis des semaines, les employeurs s’en prennent vertement aux modèles de travail favorables à la famille et au temps partiel. Les femmes devraient être disponibles à 120 % sur le marché du travail, ce qui est impossible sans une offre étendue de structures d’accueil pour les enfants. Rappelons que les femmes fournissent toujours 80 % du travail de prise en charge non rémunéré dans ce pays. Ce n’est pas un hasard si cette étude est publiée la veille du 14 juin. Il s’agit ni plus ni moins de minimiser les inégalités de revenus. Les employeurs veulent ainsi bloquer tout progrès. Le 14 juin, de nombreuses personnes se mobiliseront pour des salaires équitables, des structures d’accueil abordables et généralisées ainsi que pour la tolérance zéro face au sexisme et à la discrimination. Voilà pourquoi la grève féministe est importante.Voilà pourquoi nous descendrons dans la rue le 14 juin et mènerons des actions dans les entreprises.

Responsable à l'USS

Julia Maisenbacher

Secrétaire centrale

031 377 01 12

julia.maisenbacher(at)sgb.ch
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