Photo du « gâteau » pour le triste anniversaire des analyses sur l'égalité salariale

Photo : (c) Unia

5 ans d'analyses salariales : un triste anniversaire.

5 ans d'analyses salariales : un triste anniversaire. Photo : (c) Unia

Les participantes de l'action

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Cinq ans d’obligation d’analyser les salaires – un anniversaire au goût amer

  • Égalité des sexes
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Écrit par Cyrielle Huguenot

Action symbolique de la coalition contre la discrimination salariale

Des syndicalistes, politiciennes, représentantes d’organisations professionnelles et de défense des droits des femmes se sont réunies le 30 juin 2025 autour d’une action symbolique à Berne pour marquer le 5ème anniversaire de l’entrée en vigueur des analyses de l’égalité salariale dans la Loi sur l’égalité (Leg). Ensemble, elles ont protesté contre la discrimination salariale persistante à l’égard des femmes, les grosses lacunes de la LEg et sa mise en œuvre largement insuffisante au sein des grandes entreprises en Suisse.

Pour rappel, les femmes gagnent toujours en moyenne 1 364 francs par mois de moins que les hommes (secteurs privé et public confondus). Près de la moitié de cet écart salarial moyen (48,2 %) ne s'explique pas par des facteurs dits « objectifs », tels que la branche, la formation, l'âge, etc. La part de cette différence non explicable a même augmenté ces dernières années, passant de 44 % en 2012 à 48,2 % en 2022. En chiffres absolus, cela représente un manque à gagner d’environ 8 000 francs par année pour les femmes. Même avec un CFC en poche, quatre femmes sur dix gagnent moins de 5 000 francs par mois, et une sur quatre doit même se contenter d’un salaire de moins de 4 500 francs.

Les analyses sans effet

La révision de la LEg entrée en vigueur en juillet 2020 devait contribuer à corriger l’écart salarial entre les femmes et les hommes, en obligeant toutes les entreprises comptant plus de 100 salarié-e-s à procéder à une analyse des salaires pour déceler d’éventuelles inégalités de traitement. Celles-ci doivent ensuite faire vérifier cette analyse par un organe indépendant agréé ou une représentation des travailleuses et travailleurs et en communiquer les résultats à leurs employé-e-s. Or ces dispositions légales ont une portée beaucoup trop limitée : d’une part, elles concernent seulement 0,84 % de toutes les entreprises en Suisse, employant au total environ 45 % des travailleuses et travailleurs du pays, et d’autre part, leur mise en œuvre dépend de la bonne volonté des employeuses et employeurs, car la loi ne prévoit ni contrôles ni sanctions si elles ne sont pas respectées.

Cette portée limitée a été confirmée par un bilan intermédiaire publié en mars 2025 par le Conseil fédéral, qui révèle que plus de la moitié des employeuses et employeurs concernés n’ont pas pleinement respecté les dispositions prévues dans la LEg. C’est l’obligation d’information qui a été la moins respectée et ceci, même dans le secteur public appelé à servir d’exemple. Et c’est dans l’hôtellerie et la restauration que les analyses ont été le plus rarement menées.

L’union des forces avec la Coalition contre la discrimination salariale

Début mars 2025, 52 organisations, dont l’USS et diverses fédérations membres, ont adressé une lettre ouverte au Conseil fédéral lui demandant de réviser à nouveau la LEg pour en combler les nombreuses lacunes. C’est avec cette initiative qu’est née « la Coalition contre la discrimination salariale ». Réunies à Berne autour d’un gâteau d’anniversaire dont chaque part représentait l’une des lacunes de la loi actuelle, des représentantes de cette coalition ont appelé le Parlement à adopter rapidement des mesures pour enfin rendre les analyses de l’égalité salariale plus efficaces et éradiquer la discrimination salariale persistante.

Parmi ces mesures figure l’introduction de contrôles pour vérifier que les entreprises concernées procèdent bel et bien aux analyses de leurs salaires ainsi que de sanctions dissuasives pour celles qui manquent à leurs obligations. En outre, la coalition réclame l’application de la loi aux entreprises dès 50 employé-e-s, la répétition régulière des analyses sans exception, une plus grande transparence dans la communication des résultats aux salarié-e-s et l’abolition de la clause qui prévoit la fin de l'obligation d'analyser les salaires en 2032.

Pour une revalorisation générale des salaires des femmes et une meilleure conciliation entre vie professionnelle et familiale

Tant que le Conseil fédéral et le Parlement refuseront obstinément de prendre des mesures, l’USS continuera à dénoncer l’inacceptable discrimination salariale des femmes et à s’engager pour une revalorisation des salaires des femmes. Nous demandons une revalorisation salariale générale dans les professions majoritairement exercées par des femmes. Des salaires d’au moins 5 000 francs après l’apprentissage et d’au moins 4 500 francs pour tout le monde doivent devenir la norme. C’est dans des secteurs comme la prise en charge d’enfants, les soins aux personnes âgées ou le commerce de détail qu’une telle revalorisation est la plus urgente.

L’amélioration des revenus des femmes passe aussi obligatoirement par une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale et une répartition plus équitable du travail rémunéré et non rémunéré au sein des couples. Il faut donc impérativement des investissements publics plus importants dans l’accueil extrafamilial des enfants, comme le demande par exemple l'initiative pour des crèches abordables qui est soutenue par l’USS et a déjà été déposée à la Chancellerie fédérale.

Responsable à l'USS

Cyrielle Huguenot

Secrétaire centrale

031 377 01 12

cyrielle.huguenot(at)sgb.ch
Cyrielle Huguenot
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