Bien qu’en Suisse, grâce à des syndicats vigilants et combatifs, la forme extrême du capitalisme à l’anglo-saxonne n’ait pu prendre pied que partiellement, les vingt dernières années ont aussi été une période de vaches maigres pour les salarié(e)s. La forte croissance du chômage et le démontage de la sécurité sociale ont accru la pression au travail. Sous l’angle de la fiscalité, les hauts revenus, les gros actionnaires et les entreprises ont été dégrevés, alors que les bas et moyens revenus ont vu leurs charges augmenter. Les ouvertures au marché qui sont intervenues dans les services publics ont eu des effets négatifs sur les prix et l’approvisionnement, surtout en matière de courant électrique.
L’heure est venue d’opérer un tournant. Le texte d’orientation no 4 « Une nouvelle politique pour des emplois sûrs » avance en ce sens des revendications dans trois secteurs thématiques :
Plein emploi et conditions de travail de qualité
Le texte demande une politique conjoncturelle active, une réglementation et un redimensionnement des marchés financiers et de capitaux ainsi qu’une offensive en matière d’investissements pour des logements, dans les transports publics et les structures d’accueil des enfants. Les personnes handicapées doivent être professionnellement mieux intégrées, mais aussi les jeunes et les plus âgés, particulièrement touchés par le chômage de longue durée. Des horaires plus courts et maîtrisables contribueront à mieux concilier emploi et famille. Il faut aussi limiter les emplois temporaires et le travail sur appel et les rendre plus coûteux.
Des revenus plus équitables
Des salaires minimaux doivent protéger les emplois de l’exploitation. Sur ce point, l’USS lancera une initiative populaire, au début de 2011 déjà. Dans les négociations salariales, l’USS veut obtenir des augmentations correspondant au renchérissement et à la productivité, ainsi qu’un remplacement des bonus des manageurs par des salaires fixes modérés. Les salaires de plus d’un million de francs doivent être soumis à l’impôt sur le bénéfice et les revenus fiscaux qui en proviennent distribués aux bas et moyens revenus. Les discriminations et la sous-enchère salariales doivent être combattues; en matière de politique fiscale, un changement d’orientation vers une imposition plus forte des hauts revenus est urgemment nécessaire.
Pour obtenir tout cela, le renforcement des syndicats est nécessaire. Concrètement, cela signifie aussi une meilleure protection des représentant(e)s syndicaux dans les entreprises et davantage de participation des employé(e)s en cas de licenciements collectifs et de restructuration.