De récentes études scientifiques montrent cependant que cette conception est erronée. Certes, les récessions possèdent incontestablement un potentiel destructeur, mais peu d’effets positifs en résultent. Au contraire, l’évolution d’une économie s’en trouve à long terme bridée.
- Durant les récessions, les entreprises se montrent moins innovatrices, parce que la vente de leurs produits stagne et qu’elles ont de ce fait moins d’argent à affecter à la recherche, comme le montre de manière exemplaire le cas des États-Unis (cf. graphique). Ainsi, elles créent moins de nouveaux produits et de nouvelles technologies.
- La personne au chômage risque de voir ses aptitudes et sa formation dévalorisées. Ce qui est en effet le cas si, la situation du marché du travail étant mauvaise, elle doit accepter un emploi ne correspondant pas à ses qualifications. Du savoir-faire est alors perdu.
- En période de récession, les nouvelles entreprises doivent franchir des obstacles plus élevés pour commencer leurs activités. Il leur est par exemple, plus difficile de trouver des crédits. Conséquence : il y a moins de nouvelles entreprises.
- Lorsque les fluctuations économiques sont importantes, il en découle une plus grande insécurité et il est plus difficile d’investir.
Les perspectives économiques à long terme des États qui luttent contre leurs récessions en appliquant une politique anticyclique sont de ce fait meilleures que celles où rien n’est fait, voire où l’on dégrade encore plus une situation économique déjà mauvaise. Par le passé, la Suisse faisait partie de cette dernière catégorie. Aujourd’hui, elle a la possibilité de tirer les leçons de ce passé. Pour la Banque nationale, cela semble être le cas. Elle a rapidement réagi à la crise actuelle. Par contre, la politique financière de la Confédération, des cantons et des communes paraît retomber dans l’ornière. Le risque est ici que l’on engage des mesures d’austérité au lieu de mener une politique anticyclique.