Si l’on considère les cent dernières années, on voit que la place financière suisse avait, au début du XXème siècle, 15 centimes, soit 15 pour cent, de capital propre par franc inscrit à son bilan. Ensuite, ce pourcentage s’est mis à baisser fortement. Ainsi, en 2008, le capital propre des banques n’était plus que de 4 pour cent de la somme portée au bilan. Et la situation était des plus extrêmes dans les grandes banques : pour un 1 franc inscrit au bilan, il n’y avait plus que 2 centimes de capital propre.
Depuis lors, les régulateurs du marché financiers se sont largement mis d’accord pour dire que les banques devraient, à l’avenir, augmenter leur capital propre. La FINMA, l’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers, parle de 4 à 5 centimes de capital propre par franc inscrit au bilan. Mais c’est encore trop peu. En effet, même si le Credit Suisse remplissait déjà cette condition au printemps dernier, son action était toujours considérée comme risquée.
Les actuelles discussions sur un système bancaire dit « différencié », sur une séparation des activités bancaires nationales et internationales - ce qui permettrait à l’État de laisser aussi une grande banque faire faillite - font également obstacle à un durcissement des prescriptions en matière de capital propre. En effet, la mise en œuvre de telles propositions étant très complexe, les banquiers participeront volontiers à ces discussions tout en se disant que, au fil du temps, la pression sur les banques devrait diminuer et qu’aucune solution ne sera finalement trouvée. C’est pourquoi il faut exercer une pression soutenue pour que les banques soient tenues d’augmenter leur capital propre. Ce dernier étant cher, si elles doivent en posséder plus, les banquiers sortiront de leur passivité. C’est en effet là le seul langage qu’ils comprennent.