Image de différentes pièces en francs suisses

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La Suisse ne peut faire cavalier seul

  • Économie extérieure
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Écrit par Daniel Lampart

Droits de douane américains et franc fort

Le Conseil des États a décidé à l’unanimité de prolonger la durée maximale d’indemnisation en cas de réduction de l’horaire de travail de 18 à 24 mois. Cette décision est importante pour les travailleuses et travailleurs des branches concernées. Les droits de douane imposés par l’administration Trump – 39 % pour les produits suisses, plus les surtaxes de 50 % sur les métaux – représentent un fardeau pour les entreprises suisses actives sur le marché américain. À cela s’ajoute l’appréciation du franc. Dans ce contexte, le recours au chômage partiel contribue de manière décisive au maintien des emplois. 

Ces dernières semaines, les droits de douane imposés par Donald Trump ont dominé l’actualité économique. Sur le plan réel cependant, la plupart des entreprises suisses ne sont pas directement touchées. Près de 99 % de la population active travaillent dans des secteurs ou des métiers pas ou peu concernés par les droits de douane américains.

Les entreprises exportatrices ont pris différentes mesures pour réduire l’impact de ces droits de douane. Certaines ont constitué d’importants stocks aux États-Unis avant leur entrée en vigueur. D’autres adaptent leurs chaînes d’approvisionnement et optimisent leur création de valeur ou leur déclaration en douane. Si la Suisse parvient, ces prochaines semaines, à s’entendre avec les États-Unis sur une solution qui allège sensiblement la charge douanière, la situation pourrait s’apaiser. Des incertitudes subsistent toutefois – d’autant qu’il n’est pas clair si l’accord douanier conclu entre la Commission européenne et les États-Unis sera politiquement accepté au sein de l’UE. Ces questions modifieront la manière dont les pays européens traitent avec les États-Unis et auront également des répercussions sur la Suisse.

Le franc fort, principal problème

Le cours du franc suisse pose un problème plus grave. Ces derniers mois, il s’est nettement apprécié. Sa valeur extérieure réelle dépasse désormais le niveau atteint après l’abandon du taux plancher en 2015. La Banque nationale suisse minimise ce problème, comme l’a montré la récente interview de son président Martin Schlegel le 8 septembre. Depuis les erreurs récentes de sa direction générale, la BNS n’a plus le contrôle du cours du franc. L’USS attend d’elle qu’elle s’engage en faveur d’un taux de change soutenable et qu’elle recrée un environnement plus stable en faveur des entreprises confrontées à une situation difficile.

La politique fortement nationaliste menée par le gouvernement Trump soulève aussi des questions fondamentales en matière de sécurité de l’approvisionnement en Suisse et en Europe. Pour des produits-clés, dont les microprocesseurs et les principes actifs pharmaceutiques, l’Europe est fortement dépendante de la Chine et de l’Inde. Dans un monde dominé par les États-Unis, l’Europe s’était reposée sur l’idée que l’approvisionnement resterait dans une certaine mesure garanti, même en période de crise. Cette donne a changé. 

La Suisse doit agir

Dans ces domaines, il est totalement illusoire de penser que la Suisse peut faire cavalier seul. Elle doit renforcer sa coopération avec l’Union européenne. Ces dernières années, l’UE s’est emparée de cette question, sous le concept « d’autonomie stratégique ». Mais de nombreux défis restent à relever. La Suisse doit s’engager de manière proactive. La question se pose aussi de savoir si elle ne devrait pas conclure avec l’UE un accord bilatéral qui inclurait une répartition des tâches et des garanties réciproques.
 

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Co-direction du secrétariat et économiste en chef

031 377 01 16

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Daniel Lampart
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