La passivité de la Banque nationale coûtera des dizaines de milliers d’emplois !

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Écrit par Daniel Lampart

Le franc n’a jamais été aussi fort que ces derniers jours face à l’euro. Pour l’économie suisse, cela représente un problème énorme. Les problèmes de vente rencontrés en particulier par l’économie d’exportation et le tourisme à cause de la récession mondiale s’en trouveront aggravés. Le risque est grand de voir les entreprises de ces secteurs passer à côté de la (faible) reprise économique, parce qu’elles ne seront pas en mesure de faire face sous l’angle des prix et, de ce fait, perdront durablement des parts de marché. Et des entreprises qui disposent de sites de production en Suisse et dans la zone euro devraient se demander si elles ne vont pas se délocaliser. On estime, sur la base de modèles économique, que l’appréciation du franc suisse ces derniers mois coûtera sans doute jusqu’à 20 000 emplois.

Par conséquent, la Banque nationale suisse (BNS) doit combattre ce franc fort, ce qui aidera à sauver de nombreux emplois. Les dangers peints sur la muraille par les opposants à une telle intervention sont minimes :

 

  • Lors de ses interventions, la BNS achète des obligations d’État étrangères (à un taux d’environ 2 %), ce qui lui permet une perte annuelle sur cours de 2 % sur ces placements, sans qu’il y ait cependant de perte en valeur absolue.
  • Par rapport à l’euro, la valeur du franc est nettement plus élevée qu’en moyenne historique. Celui qui investit en euros à partir de francs a donc le droit de s’attendre à réaliser tôt ou tard des gains de change. Si la BNS intervient, elle peut donc même faire des bénéfices à moyen terme.
  • En revendant ultérieurement les valeurs en euros qu’elle aura achetées, la BNS peut sans problème puiser dans la liquidité en francs. Tant que le franc est fort, il n’y a guère de risque d’inflation, mais, au contraire, celui d’une évolution déflationniste. En effet, une grande part des produits vendus en Suisse provient de la zone euro, d’où une pression sur le renchérissement intérieur.

La BNS a pour mandat de stabiliser les prix et la conjoncture. En regardant passivement l’appréciation du franc suisse, elle met en danger la réalisation de ces objectifs. Se pose donc la question de savoir si, en plus du mandat légal existant, elle ne doit pas aussi stabiliser le taux de change. C’est ce que propose M. Olivier Blanchard, l’économiste en chef du Fonds monétaire international. Les économies petites et ouvertes peuvent beaucoup souffrir des fluctuations des taux de change. C’est pourquoi les banques centrales doivent les stabiliser.

 

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

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